Par Tierno Monénembo
J’ai déjà dénoncé dans ma précédente chronique le caractère trivial de l’Etat Alpha Condé, son discours de cuistre et ses méthodes de cow-boy. En dix ans de pouvoir, Alpha et ses zozos n’ont rien appris du fonctionnement d’un Etat ; sans doute, quelque chose de trop sophistiqué pour leurs petites citrouilles. Le tact, la finesse, la discrétion, la mesure, l’élégance dans les propos et dans les gestes, tous ces traits de caractère du parfait homme d’Etat leur sont restés aussi étrangers que la mécanique quantique à l’Homme de Neandertal. C’est l’Etat africain classique, celui de Habyarimana et de Mobutu, d’Eyadema et de Sékou Touré celui qui, depuis les Indépendances démolit l’Afrique à coups de trique, de mensonges et de rapine. L’Etat amateur, quoi ! L’Etat stagiaire, disait Bouteflika ! L’Etat voyou, disait Donald Reagan ! On sait depuis les Indépendances ce que produit ce genre de système : rien que des salaires de misère, rien que des hôpitaux-mouroirs, rien que des écoles au rabais, rien que des prisonniers politiques, rien que des injures à caractère tribal quand ce ne sont pas des guerres civiles voire des génocides !
Eh oui, Guinéens, nous sommes bien sous le règne d’Alpha Condé, c’est-à-dire au fond du trou ! Nous sommes sous la coupe d’un véritable chef africain cruel et méchant, incompétent et imbu de lui-même. Il s’enfiche que notre économie soit à vau-l’eau, il s’en fiche que son manque dramatique de diplomatie nous isole de nos voisins, il s’enfiche que sa répression aveugle nous mette au ban de la Communauté Internationale (cf. le cinglant rapport du gouvernement américain). Et comme nos soldats, nos magistrats et nos flics sont les êtres les plus serviles, les moins patriotiques de la planète Terre, notre pays est en danger. Je n’exagère pas. C’est un fait indéniable de la vie des nations : toutes les mal gérées finissent par sombrer dans le chaos. Et les causes du chaos sont là : le tribalisme d’Etat, la corruption, le mépris des institutions, le déni de justice, le peu de cas que l’on fait de la vie humaine.
Je crois pouvoir dire sans risque de me tromper que malgré la rage et le comportement infantile de ses dirigeants, la Guinée ne tombera jamais dans le piège abject de la guerre tribale. Le Ghana, le Tékrour, le Mali, le Songhaï, le Fouta-Djalon, le Fouta-Toro, le royaume de Ségou, le Macina nous ont soumis à un brassage ethnique et culturel tel que notre unité nationale qui a survécu aux insanités de Sékou Touré et Lansana Conté survivra aussi à celles d’Alpha Condé.
En revanche, il y a une autre guerre qui risque fort d’arriver : c’est la guerre des clans. Je m’explique : Alpha Condé est vieux, il est entouré de collaborateurs cupides, cyniques et violents dont l’appétit pour le pouvoir n’échappe à personne. Va-nu-pieds hier, devenus extrêmement riches aujourd’hui par le sale biais de la corruption, ces hommes puissants et rivaux ont déjà sorti les couteaux pour prendre la place du professeur qui risque de ne pas finir son mandat en raison de son grand âge. On sait depuis Bourguiba et Houphouët-Boigny le climat malsain, terriblement dangereux pour nos jeunes pays qui règne autour des présidents malades et vieillissants, ce, dans les systèmes monolithiques qui sont les nôtres où tout s’écroule dès la mort du chef. On sait ce que Bédié, Ouattara et Gbagbo ont fait de la République de Côte d’Ivoire après la mort du Bélier.
La Guinée connaîtra-t-elle le même sort ? Ce qui est sûr, c’est qu’à Sékhoutouréyah, les clans sont déjà formés, les armes à portée de main. Il reste juste à savoir qui tirera la première balle.
Tierno Monénembo