Les Béninois vont élire ce dimanche 11 avril 2021 leur prochain président de la République. Au pouvoir depuis 2016, le président du Bénin, Patrice Talon, est candidat pour sa réélection. Pendant l’un de ses derniers meetings de campagne, l’ex businessman a prononcé un discours sans équivoque: « C’est bon, c’est fini, le K.O est déjà dans la poche ».

La dictature, la violence, le hold-up électoral, itou ! On n’a pas tenu un langage différent à Conakry, Abidjan, Brazzaville, Djibouti. Demain soir, en même temps que le Bénin, le Tchad fermera la marche des rois nègres pour effacer l’image du Niger où la démocratie africaine tente de survivre. « L’Afrique noire est mal partie.» René Dumont vous avait choqué à l’époque, non ? Quant au Bénin, il perd son statut de quartier latin africain pour redevenir le Talon d’Achille de la démocratie. En 2016, au cours de cette même campagne, l’ex-magnat du coton disait vouloir être le premier président africain à instaurer un mandat unique de sept ans, contre cinq ans renouvelables une fois. Malheureusement, un an après son accession à la magistrature suprême, le parlement a retoqué son projet de révision constitutionnelle. Les Béninois craignent que cela ne soit une ruse pour s’éterniser au pouvoir. L’échec de son projet a touché l’égo de cet homme d’affaires (avec un patrimoine estimé à plus de 400 millions de dollars en 2015 selon Forbes), qui n’aime être ni offensé ni contrarié dans « la compétition.» Patrice Talon s’est construit sans réseaux et surtout en opposition au président Thomas Boni Yayi: cet ancien allié est devenu son adversaire politique à la suite de coups bas mettant en difficulté ses affaires et le contraignant à vivre en exil pendant plusieurs années en France.

Pour Pa-triche Talon, 62 ans, l’ancien président de la République symbolise tout ce qu’il hait: une vieille garde pourrie par « les affaires » politiques, l’immobilisme… Moderniste et « obsédé par les résultats » comme il le dit lui-même, le chef d’Etat béninois veut représenter une nouvelle génération de leaders en Afrique. « Il est obnubilé par le désir de réussite, il veut changer l’histoire de son pays et que l’on se rappelle de lui dans 200 ans », dit à l’AFP son conseiller en communication, Wilfried Houngbedji. La prophétie risque de se réaliser d’autant plus que tous les opposants de poids sont en exil. La majorité, condamnée en justice par contumace à de très lourdes peines de prison et d’inéligibilité. Des dizaines de fonctionnaires ont été renvoyés à la moindre faute ou s’ils essayaient de faire ce qu’ils avaient toujours fait: prendre quelques gratifications pour arrondir leurs fins de mois.

BT