Le Tchad a un nouveau Premier Ministre, Albert Pahimi Padacke, bien connu des Tchadiens. Il y a quelques semaines, alors qu’il était en campagne contre le maréchal Idriss Déby Itno pour le scrutin présidentiel du 11 avril, il s’était positionné comme le candidat d’une alternance sans revanche. Membre de la majorité pendant plusieurs années, Premier ministre de février 2016 à mai 2018, le patron du Rassemblement des nationalistes et démocrates tchadiens-Le Réveil (RNDT-Le Réveil) avait promis au défunt chef de l’État une retraite paisible. Il arrive deuxième au scrutin du 11 avril 2021, avec 10,32% des voix, ce qui fait de lui une force politique majeure sur l’échiquier politique national. C’est donc à un politique connu que le Conseil militaire de transition confie le gouvernement de transition même si, depuis 2018, Albert Pahimi Padacké a pris ses distances avec le pouvoir.

Albert Pahimi Padacké est un bon connaisseur du milieu politique et des associations de la société civile. Un proche de l’ancien président voit ce choix comme celui « de la raison et de l’expérience », à même de maintenir les équilibres au sein de la majorité politique. Les équilibres régionaux aussi, puisque qu’il est originaire du sud du pays. Albert Pahimi Padacké pourrait avoir plus de facilités également à entamer des discussions avec une partie de l’opposition… 

Après avoir accompagné Déby père, le voilà donc au service de Déby fils… et c’est ce qui lui vaut déjà des critiques : « Le recyclage ne peut nous permettre d’aller de l’avant », estime ainsi Succès Masra qui estime qu’on a mis « la charrue avant les bœufs. On aurait dû d’abord définir une vraie architecture de la transition puis choisir un Premier ministre de consensus », vient de déclarer l’opposant dans une note vocale. Succès Masra, président du parti les Transformateurs et les autres membres de la coalition Wakit Tama appellent à manifester mardi 27 avril. Les membres de cette coalition d’opposants et d’organisations de la société civile, créée lors de la campagne présidentielle pour dénoncer le 6ème mandat d’Idris Déby, se sont réunis ce lundi matin 26 avril.

Les Transformateurs étaient représentés, tout comme l’UNDR de Saleh Kebzabo, les défenseurs des droits humains, Mahamat Nour Ibedou et Max Loangar, ou encore l’Union des syndicats du Tchad. Ils confirment effectivement leur appel à se mobiliser mardi 27 pour demander un dialogue inclusif et le transfert du pouvoir aux civils.

Il n’y aura de toute évidence pas d’état de grâce pour Mahamat Idriss Déby. Le jeune général d’armée de 37 ans est déjà sur les braises. Pourra-t-il tenir l’engagement d’une transition apaisée au bout de 18 mois ?

Avec AFP