La campagne de vaccination contre le covid-19 n’avance pas. Le mardi 13 avril 2021, Dr Sakoba Kéita, le directeur général de l’ANSS a indiqué que le pays devait compter 4 à 5 millions de personnes vaccinées pour créer une immunité collective. Problème, les Guinéens ne se bousculent pas pour recevoir les doses de vaccins disponibles. Seulement 79 000 personnes étaient vaccinées à la date du 13 avril. Dans un des centres de vaccination visités, le personnel se tourne les pouces. Pourquoi un tel manque d’engouement ?
L’INS, Institut national des statistiques avait mené une enquête sur l’acceptation d’un vaccin contre la Covid-19 entre octobre et novembre 2020 auprès d’environ 1 900 ménages. Ce sondage révèle que 80% des répondants sont favorables à la vaccination, et que plus de la moitié d’entre eux (62%) étaient prêts à payer pour recevoir un vaccin.
Au niveau national, « 80% des répondants sont prêts à accepter un vaccin gratuit pour se protéger contre la Covid-19. Les répondants de Conakry sont moins susceptibles d’accepter un vaccin gratuit (74%) par rapport aux répondants des autres villes ou des zones rurales (81% pour les deux). Cependant, la tendance est inversée en ce qui concerne les vaccins payants, 68%, 62% et 60% des répondants de Conakry, des autres villes et des zones rurales, respectivement, seraient prêts à recevoir un vaccin payant », selon l’enquête. Parmi les régions, Boké est la moins favorable à un vaccin gratuit (73% tout de même), tandis que la région de N’Zérékoré a le plus fort taux d’acceptation (91%). Parmi les personnes interrogées à Conakry, 33% sont prêtes à payer 50 000 francs guinéens ou plus pour un vaccin. Au niveau national, cette valeur n’est que de 16%.
Ce résultat suggère que la raison principale du manque d’affluence au niveau des centres de vaccination est liée aux inquiétudes sur la fiabilité et la non-dangerosité des vaccins disponibles. Une polémique était née à la réception d’un lot de vaccins AstraZeneca en provenance d’Afrique du Sud. Le bruit courait que le lot devait expirer au mois d’avril 2021. Le Ministère de la Santé s’était fendu alors d’un communiqué pour expliquer que les doses reçues étaient plutôt valides jusqu’en juillet 2021. Pour cette raison, l’ANSS estime que l’intensification de la communication autour de l’efficacité des vaccins pourrait aider.
Autre facteur à prendre en compte, le coût. 42% des répondants prêts à payer pour se faire vacciner, ne comptent pas y mettre plus de 10 000 francs guinéens (autour d’un dollar américain). Bien que le vaccin soit gratuit, pour le recevoir, il faut avoir les moyens de se déplacer, une préoccupation qui concerne essentiellement les populations les plus pauvres. Il sera crucial de rendre le vaccin facilement accessible pour augmenter le taux de vaccination et garantir un accès équitable, suggère l’INS.
Tély Diallo