Le 27 mai, aux environs de 16h, une tornade et une chute de grêle a balayé Timbi-Madina détruisant au passage les champs de maïs et les cultures maraichères.

Si les paysans n’ont pas fini d’évaluer les dégâts, ils seraient très importants. La tornade s’est formée au-dessus du plateau de Timbi sans atteindre Labé ou Ninguélandé. Un membre de la fédération des paysans explique : « Toutes les cultures ayant plus de 30 cm ont été fauchées : maïs en germination, en floraison, en épis, piment, aubergine. Tous les maraichages les feuilles sont parties. Les plantes qui ne sont pas cassées ont des chances de reprendre. Nos équipes sont sur le terrain pour évaluer les dégâts. Il y a eu des dégâts à Timbi-Centre, Dioungohl, Bamikouré, Laabha, Seré. Dans la zone de Laafou I et II, et Dioungol par exemple, les champs de maïs ont été détruits à plus de 80%. Il y a très peu de chance que ce maïs revienne en végétation, sauf s’il fait 3 à 4 jours sans pluie. Orangers, manguiers, avocatiers, citronniers ont perdu près de 40% de leurs fruits. Les paysans, fatalistes, s’en remettent à Dieu ».

Cette destruction des champs pénalise doublement les paysans qui ont acquis auprès de tierces personnes des semences et des intrants, remboursables à la fin de saison. L’un des créanciers joint au téléphone indique qu’ils vont évaluer la situation, voir si les paysans sont en mesure de payer les crédits et s’ils sont en mesure de trouver d’autres semences pour continuer leur activité agricole. Autres conséquences : si les cultures sont détruites, « la pression sur l’alimentation va augmenter, les marchés vont se renchérir ».

Météo peu clémente

Ces dernières années, Timbi-Madina est régulièrement frappé par des catastrophes d’ordre climatiques et politiques : invasion de chenille, pourrissement de récolte, fermeture de frontière. Cette fois, une chute de grêles en début de saison pluvieuse tardive. Selon le rapport du Centre africain pour les applications de la météorologie au développement, les prévisions 2021 en Afrique de l’Ouest, avertissent qu’en Guinée les parties nord et nord-ouest connaitront un retard de la pluviométrie, des inondations entrecoupées de sècheresse. « Ces prévisions sont exactes, les pluies qui devraient commencer en avril sont tombées fin mai, (45 jours/60 jours de retard). Il est prévu aussi que la pluie s’arrête plutôt avec un raccourcissement de la saison des pluies. Donc le paysan doit tenir compte de cela pour semer du maïs et du riz à cycle court. Malheureusement pour cela, il faut avoir testé les variétés, les semences, ce que nous n’avons pas fait. On va réagir au coup par coup et d’être résiliant au maximum », dit notre interlocuteur. Pour lui, si le paysan ne peut pas influencer ce qui se passe au ciel, il peut au moins contrôler ce qui se passe au sol en changeant les techniques de cultures, adapter les semences, contrôler le ruissellement et la coupe de bois. Il demande aussi la contribution de la direction nationale de la météorologie. «L’agriculteur observe la nature, mais il faudrait que quelqu’un récupère ces observations pour en faire des stratégies de développement» dit-il. En Guinée, fait remarquer notre interlocuteur, le charbon de bois est le produit le plus vendu au bord des routes. Cette coupe du bois entraine le tarissement des rivières et marigots dès le mois de mai. Et personne ne pense au reboisement en masse.

Le service météo se défend

Baldé Mamadou Lamine, Directeur national de la météorologie explique qu’un problème de communication handicape son service. Même s’il décèle les phénomènes météorologiques, son service n’a pas de moyen de prévenir tout le monde. « Nous sommes en train de créer un site, mais cela demande des ressources, encore que les paysans ne lisent pas les sites. Nous élaborons les prévisions à 11h, mais la RTG, notre seul moyen de communication diffuse les données à partir de 21 heures. On ne peut pas dire exactement c’est tel ou tel village qui sera touché, mais on peut prévoir par zone : rouge, orange par exemple ». Dans ses tiroirs, un projet de système d’alerte précoce. Il pense pouvoir affiner le mécanisme pour alerter le cas échéant qui de droit.

En ce qui concerne la situation à Timbi, sieur Baldé explique que nous sommes au début de la saison pluvieuse, donc la période des tornades. « En début de saison, c’est des pluies accompagnées de vents violents, de courte durée, mais de forte intensité. C’est dû au fait qu’en début de saison, le sol est suffisamment chauffé, l’air monte rapidement pour former des nuages. Cela accélère les phénomènes de condensation et les phénomènes orageux : décharge électrique, congélation, grêle, vents violents. Et des zones de haute altitude comme au Foutah, le sol étant assez rapproché, les grêles tombent. Vers la Basse-Guinée, vous rencontrerez rarement ces phénomènes, il y a 1 000 m de dénivellation, le temps pour le grêle d’atteindre le sol, il aura fondu ou fortement diminué de taille ».

Avec des moyens, explique sieur Baldé, il est possible de bombarder les nuages avec des obus, (substance chimique qu’on injecte dans les nuages) pour diminuer leur taille. Mais cela demande des moyens.

Oumar Tély Diallo