«La faible couverture vaccinale expose les pays africains à un risque accru de recrudescence massive des cas» d’infections par le coronavirus.

Les campagnes de vaccination contre la pandémie Covid-19, en Afrique, dont la population dépasse 1,2 milliard, accusent un grand retard par rapport aux autres continents, à cause notamment des ruptures d’approvisionnement et de l’insuffisance des ressources financières. À la date du 5 mai 2021, un total de 1,17 milliard de doses de vaccin ont été administrées dans le monde, dont seulement 1 pour cent en Afrique, a annoncé l’OMS qui a prévenu que « la faible couverture vaccinale expose les pays africains à un risque accru de recrudescence massive des cas » d’infections par le coronavirus.

Les campagnes de vaccination sur le continent ont été lancées en mars, dans le cadre de l’initiative globale COVAX, menée par l’OMS, l’Alliance du vaccin (Gavi) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI). Elles avaient comme but initial de vacciner au moins 20 pour cent des Africains, et ce, en fournissant jusqu’à 600 millions de doses, d’ici la fin de 2021, selon l’OMS. Mais, le continent n’a reçu que 18,2 millions de doses de vaccins, entre février et mai.

Récession économique

Cela est essentiellement tributaire du manque de ressources financières : L’économie africaine est touchée de plein fouet par la pandémie, et après 25 ans de croissance continue, le continent a enregistré une récession en 2020. Selon l’OMS, le coût du déploiement du vaccin contre la Covid-19 sur le continent africain à l’intention des populations prioritaires est évalué à environ 5,7 milliards de dollars.

Ceci n’inclut pas des coûts supplémentaires de 15 à 20 pour cent pour le matériel d’injection et la livraison des vaccins, qui nécessitent des personnels de santé formés, une chaîne d’approvisionnement et la mobilisation des communautés. Ce montant est basé sur les estimations du mécanisme COVAX d’un prix moyen du vaccin de 10,55 dollars par dose et que deux doses seront nécessaires, a expliqué l’OMS.

En outre, l’Afrique a « observé trop longtemps les autres régions mettre en place des campagnes de vaccination contre la Covid-19 en restant à l’écart». À ces défis, s’ajoute la décision de «Serum Institute of India» d’interrompre, les livraisons des vaccins sur le continent africain dans le cadre de COVAX, et de retenir les doses pour un usage interne.

«Alors que les habitants des pays riches appuient sur le bouton de réinitialisation cet été et que leur vie commence à paraître normale, en Afrique, nos vies resteront en suspens», a regretté Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

Administration d’une seule dose

En attendant, les pays africains s’adaptent face à cette pénurie de vaccins. Et d’après la modélisation de l’OMS, l’administration d’une seule dose de vaccin à un plus grand nombre de personnes dans les groupes de population les plus prioritaires réduira considérablement les taux de mortalité, par rapport à la vaccination de la moitié de ces personnes avec deux doses de vaccin.

«La tragédie en Inde ne doit pas se produire ici en Afrique, et nous devons tous rester en état d’alerte maximale. Les gouvernements doivent veiller à préserver la solidité des systèmes de surveillance et de détection, réévaluer et renforcer leurs capacités de traitement et intensifier l’approvisionnement en médicaments essentiels, dont l’oxygène médical, pour le traitement des patients touchés par une forme grave de la maladie», a plaidé Matshidiso Moeti. En Afrique, près de 5 millions de cas de Covid-19 ont été recensés et plus de 130 000 personnes ont perdu la vie à cause de cette maladie.

Par Mounir Ben Hassen,

Agence de presse Allemande, dpa (Tunis)