Le procès du prési d’ABLOGUI (Association des blogueurs de Guinée) s’est ouvert ce 8 juin, au tribunal de première instance de Dixinn. Mamadou Alpha Diallo est accusé par Findaba Kourouma, une capitaine de la police routière, en service à la sécurité routière de Sonfonia, d’outrage à agent et voie de fait. Des dispositions prévues et punies par les articles 240 et 658 du Code pénard.
A la barre, le blogueur a nié catégoriquement les accusations. Il crie plutôt à un abus d’autorité : «Je revenais d’une mission à l’intérieur du pays. J’ai été arrêté au rond-point de Sonfonia par une agent de la routière, elle a demandé les documents du véhicule que je lui ai remis, ils étaient au complet. Elle a jeté un coup d’œil, elle a pensé que les sandales que je portais n’étaient pas fermées. Elle a m’a dit de payer 50 000 francs guinéens, je suis descendu lui montrer qu’elles étaient fermées. Elle est allée donner les documents à sa cheffe, en lui disant que mes vitres sont teintées. Cette dernière m’a demandé 100 000 Gnf. Quand j’ai refusé, elle a sorti son carnet, elle a commencé à écrire la contravention. Dès que j’ai touché son carnet pour l’empêcher de l’écrire, elle a commencé à crier. Elle a appelé la CMIS, moi-même j’ai alors demandé à ce qu’on aille au commissariat.»
Alpha Diallo révèle qu’il a été molesté par les flics du commissariat central de Sonfonia : «Dès que nous sommes arrivés, elle a changé toutes les versions, elle a dit que je me suis jeté sur elle. Les agents de police se sont jetés sur moi. J’ai été roué de coups, jeté en cellule. Vers 16h, quelqu’un qui se fait passer pour l’assistant du ministre de la Sécurité est allé au Commissariat, il a réuni les policiers, ils m’ont appelé. Dès qu’il m’a vu, il a commencé à m’insulter, à crier : ‘’c’est vous qui nous sabotez, vous voulez politiser l’affaire, mais tu vas voir.’’ L’officier de police judiciaire m’a entendu, j’ai passé la nuit au commissariat, j’ai été transféré au tribunal le lendemain. Est-ce que vous n’avez pas déchiré le carnet de la police ? Je l’ai touché, elle a tiré. Sur place, il n’était pas déchiré, c’est au commissariat qu’on m’a montré un carnet déchiré.»
La plaignante, elle, a une autre version de ces faits. Elle déclare avoir été «agressée verbalement» par Alpha Diallo : «Dès qu’il a été arrêté, il a commencé à dire que nous faisons du n’importe quoi, que nous faisons subir des bavures aux citoyens. Il nous a traités d’arnaqueurs. Il était déterminé à faire des histoires, il était agité. C’est lui-même qui a demandé à ce qu’on aille, s’il le faut, jusque chez Damantang. Il me criait dessus, je considère que j’ai subi des préjudices. » Dame Findaba Kourouma demande au tribunal de faire appliquer à Alpha Diallo toutes les rigueurs de la loi.
Au moment où nous écrivions cette dépêche, le réquisitoire et les plaidoiries débutaient.
Yacine Diallo