Le 18 juin, le Président Alpha Condé a gracié Boubacar Diallo alias Grenade et Mamady Condé alias Madic 100 frontières, condamnés respectivement, en seconde instance, à dix ans et à un an d’emprisonnement. Ils sont sortis de prison le lendemain. «Madic 100 frontières m’a considéré comme un frère de sang avant même qu’il ne soit en prison. Il m’avait beaucoup soutenu. Lorsqu’on s’est retrouvés en prison, il m’a promis d’être de cœur avec moi. On ne s’attendait pas à être graciés ensemble, puisqu’il m’a assuré que s’il est libéré en première position, qu’il se battra personnellement pour ma libération», a déclaré le 21 juin, Boubacar Diallo allias Grenade, chez nos confrères Fim Fm.
Emprisonné depuis 2018 à la Maison centrale de Coronthie, Grenade a été tiré d’une purge de dix ans de prison par le Président Alpha Condé, qu’il ne cessera de remercier, dit-il, jusqu’à son dernier souffle, car il lui aurait prouvé qu’il a conscience de sa situation. «Alpha Condé a été toujours un grand homme. Je demande aux autres détenus de garder espoir ! J’ai compris que Dieu ne m’a pas conduit en prison pour rien. C’est pour me donner une grande leçon de vie. Un sage m’avait dit qu’il y a trois types d’école : l’école de la vie, l’école pour la vie et l’école dans la vie. La prison et l’aventure sont l’école dans la vie. Moi, j’étais là. Si les autres ont étudié à la Sorbonne (France) pour obtenir des diplômes de doctorat, moi j’ai passé mon temps à la Maison centrale de Conakry et à la prison civile de Kindia pour apprendre de bonnes leçons. Celles-ci me permettront de construire mon avenir sans m’en prendre à personne», souligne Grenade. Néanmoins, il clame encore son «innocence» dans cette affaire, dénonçant un dossier vide. A l’en croire, la prison l’a rendu sage, après la douleur de «trahison et de déception» qu’il a endurée. Il affirme que désormais, c’est l’unité et la paix qu’il va cultiver dans son esprit, car il sort «plus fort et plus intelligent» de la prison.
Boubacar Diallo s’engage à construire son avenir, comme il l’avait promis au Président Alpha Condé et à Mory Doumbouya, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, précise-t-il. En outre, il indique n’être pas prêt à militer dans un parti politique, mais n’exclut pas de rejoindre le Rpg arc-en-ciel. Histoire, semble-t-il, de prouver sa reconnaissance au Chef de l’Etat. « Si la conscience qui m’avait guidé à l’Ufdg me conseille de le faire, je vais le faire. Ce n’est pas un crime, mais je n’ai pas choisi de le faire pour le moment », déclare Grenade, allusion faite au parti au pouvoir.
Piques contre l’Ufdg
«J’ai constaté que dans la vie, des ennemis peuvent devenir des vrais amis, des adversaires, des frères de même lutte, de même sang», note Boubacar Diallo.
Ce militant politique, très engagé autrefois au sein de l’Ufdg, Union des forces démocratiques de Guinée, s’éloigne de plus en plus de ce parti. «L’Ufdg m’a abandonné, je confirme cela. Etant militant, ce n’est pas à moi de leur demander ce que je dois manger. Ce sont eux qui doivent venir vers moi pour le faire s’ils étaient reconnaissants, honnêtes et croyants et s’ils se battent vraiment dans l’intérêt de tous. J’ai envoyé des SMS pour leur demander de l’argent», a déclaré Boubacar Diallo. Et d’enfoncer le clou : «Des excitateurs politiques, je parle de l’Ufdg et de son équipe, je ne m’attaque pas aux militants, certains cadres m’ont prouvé que ce sont deux choses qui les intéressent : diviser pour régner et se battre pour leurs intérêts.» Par contre, Boubacar Diallo a salué le courage et la bonté de Hadja Halimatou Dalein Diallo. «C’est une grande Dame. Je l’ai considérée comme une maman. Je l’ai remerciée pour le peu qu’elle a fait pour moi», mais assure n’être pas prêt pour aller saluer le couple Diallo. Contrairement à son ami, Madic 100 frontières, qui a déjà rendu visite au couple. L’un de ses avocats, Me Salifou Béavogui, n’a pas tardé à réagir. «Je marque mon désaccord sur ce point. Il (Grenade Ndlr) a été défendu par le parti. Tout le travail de défense a été fait par l’Ufdg qui m’a commis à la tâche. Il est libre de dire ce qu’il veut, mais la réalité est que le combat que j’ai mené, je l’ai fait pour et au compte de l’Ufdg. Sur ce point, je pense qu’il doit changer de langage», précise Me Salifou Béavogui chez nos confrères de Kora FM.
Yaya Doumbouya