Après avoir demandé pardon à Alpha Grimpeur lors de leur procès, Boubacar Diallo dit Grenade et à Mamadi Condé alias Madic 100frontières ont bénéficié d’une grâce présidentielle le 18 juin. Ils ont été sortis du gnouf le lendemain. Le 22 juin, ce sont Souleymane Condé et Youssouf Dioubaté leur ont emboîté le pas. Dans une missive, les deux copains bagnards de l’hôtel Hôtel cinq étoiles de Coronthie ont demandé pardon au Prési Grimpeur et ont imploré sa grâce. Sékou, le Commando des stratégies et planification du FNDC, y voit une « stratégie cynique » du Président. Bonne lecture de sa tribune que voici :
Si le Général-Président Lansana Conté avait profité de la tentative de franchissement illégal du territoire national en 1998 par Alpha Condé pour le faire liquider physiquement, la Guinée, l’Afrique et le monde entier auraient pleuré la mort d’un grand démocrate, d’un combattant de la liberté. On aurait institué «une journée Alpha Condé.» Si le Général-Président Lansana Conté avait fait mourir en prison Alpha Condé, comme celui-ci a fait mourir à la Maison Centrale de Conakry Roger Bamba, de nombreux Guinéens se seraient plaints de ce que le pays a été privé d’un de ses meilleurs fils, tant il a incarné les valeurs démocratiques auxquelles croyaient beaucoup d’entre eux. Avec le recul, on s’aperçoit aujourd’hui que l’on s’est battu pour l’arrivée au pouvoir d’un homme d’un cynisme qui n’a d’égal que sa boulimie du pouvoir.
Alpha Condé est véritablement un homme cynique. Après avoir fait tuer de nombreux citoyens guinéens et emprisonner des centaines d’entre eux, il prend du plaisir à jouer avec le moral de ces derniers en leur imposant un choix peu honorable. Les détenus doivent implorer son pardon par des lettres que ses courtisans prendront le soin de publier par la suite dans la presse ou ils continuent à croupir en prison. À travers cette stratégie, le dictateur poursuit plusieurs objectifs. Primo: le détenu qui lui demande pardon reconnaît implicitement sa «faute» suivant l’adage «qui s’excuse, s’accuse» et s’humilie en même temps aux yeux de l’opinion publique en ravalant ses propos antérieurs. Secundo : Alpha Condé retourne le détenu libéré contre son entité d’origine. Tertio : il apparaît lui-même aux yeux des plus naïfs comme un humaniste.
Mais au fond, il se trahit lui-même en donnant raison à ceux qui ont toujours affirmé que toutes les décisions rendues par les magistrats acquis au troisième mandat n’étaient qu’une mascarade dont l’unique but est de faire taire toute forme de contestation. Alpha Condé veut garder le pouvoir longtemps, aussi longtemps qu’il restera en vie. Pour cela, il doit éliminer tous ceux qui pourraient se mettre en travers de sa route. Eliminer ses adversaires ne signifie pas simplement les faire tuer ou embastiller. Il s’agit aussi de les manipuler pour les amener à tirer une croix sur leur engagement politique ou citoyen à défaut de les faire adhérer à son parti.
Par ailleurs, il envoie un message à des détenus tels que Oumar Sylla dit Foniké Mènguè, Étienne Soropogui et d’autres détenus qui n’entendent pas marchander leur liberté. Il cherche à les briser moralement en leur faisant savoir de manière à peine voilée qu’ils ne sont pas prêts de sortir de prison tant qu’ils ne s’aplatiront pas devant lui pour lui demander pardon comme l’ont fait d’autres, mais c’est très mal connaître l’engagement et la détermination des leaders de la coordination nationale du FNDC de surcroît Foniké Menguè. En tout état de cause, le combat pour la démocratie et la liberté est un combat sans fin et exige un certain nombre de sacrifices. Courage à tous les otages du satrape Alpha Condé.
Sékou Koundouno,
Responsable des stratégies et planification du FNDC