Depuis le 27 septembre passé, à la veille de Présidentielle du 18 octobre, les autorités guinée-haines ont fermé les frontières du pays à trois de ses voisins : Sénégal, Guinée-Bissau, au nord-est, Sierra Leone au sud. La frontière guinéo-sierra léonaise est ouverte il y a peu. Mais le maintien prolongé de la décision concernant le Sénégal et la Guinée-Bissau a engendré des conséquences énormes sur tous les plans de la vie de la population. Ces conséquences sont d’autant plus graves que cette mesure est intervenue dans un contexte où les citoyens étaient déjà extrêmement fragilisés par les effets dévastateurs du Covid-19.

Huit mois plus tard, le Conseil national des organisations de la société civile de Guinée, (CNOSC-G) a lancé une pétition en faveur de la réouverture urgente des frontières de la Guinée avec le Sénégal et la Guinée-Bissau. Ange Gabriel Haba, secrétaire exécutif du CNOSC, donne leur motivation : «Nous avons estimé qu’aujourd’hui cette fermeture est en train de créer d’énormes conséquences sur les conditions de vie de nos concitoyens, parce que le CNOSC a été plusieurs fois interpellé sur la question, et par les citoyens, et par les institutions et d’autres structures qui sont en train de subir de façon directe et indirecte les conséquences de cette décision. Alors, à l’analyse de non seulement de l’opportunité politique, économique et sociale de cette fermeture, nous avons estimé qu’aujourd’hui les arguments qui ont été évoqués par le gouvernement guinéen motivant la fermeture de ses frontières ne sont plus opportuns».

D’après M. Haba, notre bled traverse d’autres crises telles que : les crises sanitaire, politique et économique. De nos jours, de nombreux commerçants qui pratiquaient cette route, qui vivaient de l’échange économique entre le Sénégal et la Guinée, entre la Guinée-Bissau et la Guinée subissent les conséquences de cette fermeture. «C’est le cas de ceux qui font le commerce de la pomme de terre, écoulée en grande partie au Sénégal et qui pourrie avec nos concitoyens, dans les entrepôts».

Économiquement, cette situation baisse le pouvoir d’achat des Guinéens et impacte directement l’économie du notre bled. Du point de vue social, «nous avons estimé qu’aujourd‘hui il y a une histoire qui lie la Guinée au Sénégal, la Guinée à la Guinée-Bissau mais cette relation est en phase de dégradation. Nous avons tous des familles, des parents au Sénégal et en Guinée Bissau, et vice versa. Cette dégradation est une conséquence de la fermeture des frontières. Aussi, du point de vue politique, il ne faut pas que les problèmes d’égo entre nos chefs d’Etats aient de l’impact sur les conditions de vie de nos concitoyens. Donc, compte tenu de tous ses facteurs, le CNOSC exige à l’Etat la réouverture des frontières».

Suite à plusieurs démarches effectuées auprès des autorités, le CNOSC a pensé que faire une pétition peut avoir une influence positive sur la décision du goubernement. «Que tu sois de la Guinée ou citoyen de l’espace CEDEAO, quand nous avons beaucoup de signatures, cela va démontrer à nos gouvernants que cette fermeture des frontières a des conséquences non seulement pour notre pays, mais aussi pour les pays voisins. Au-delà, nous avons un principe qui est consacré dans la convention de la CEDEAO : la libre circulation des personnes et de leurs biens. Aujourd’hui cette convention est violée, c’est pourquoi d’ailleurs nous interpellons la CEDEAO pour qu’elle s’implique activement dans la résolution de cette crise». Par la même occasion, le CNOSC interpelle les dirigeants guinéens pour faire fi de leur égo et mettre l’intérêt de nos peuples au-dessus de tout.

Le Go-haha réagit

Le prési du Groupe organisé des hommes d’affaires, GOHA, affirme que la pétition intervient tardivement, car selon lui, «les opérateurs économiques ont déjà perdu leurs biens, maintenant c’est le peuple qui est en train de perdre et de souffrir».

 A en croire, Abdallah, le Shérif du Go-haha, de tous les maux dont ont souffert les commerçants, ce sont toutes les organisations de défense des droits de l’Homme, des organisations de la société civile et le peuple de Guinée dans son ensemble qui devraient les soutenir dès le départ. Car, dit-il, «nous avons subi la dictature en plein fouet. C’est seulement en Guinée qu’un président peut décréter un embargo contre son propre peuple en fermant la frontière de trois pays qui approvisionnent le sien, pour juste ruiner ses opérateurs économiques. C’est dommage», regrette-t-il.

De nos jours, c’est une détresse totale à la frontière : «Les commerçants qui avaient chargé de la marchandise ont tout perdu parce que tout est pourri. Les femmes ont dû jeter tous les légumes qu’elles avaient embarqués à bord des camions. C’est Alpha Condé qui a fermé nos frontières à cause de la haine qu’il a contre les commerçants. Si les citoyens veulent que les frontières se rouvrent qu’ils se lèvent pour lui mette la pression».

Kadiatou Diallo