Par un décret lu à la Télévision nationale ce vendredi 18 juin, le despote Alpha Condé a libéré deux de ses otages à savoir Boubacar Diallo alias Grenade et Mamady Condé alias Madic 100 Frontière. S’il faut se réjouir de la fin du calvaire de ces deux compatriotes, l’on ne doit cependant pas perdre de vue qu’ils ont été victimes d’une grave injustice, d’une part, et que, d’autre part, Alpha Condé veut se servir de cette situation pour se donner l’image d’un homme de paix. En réalité, les choses sont d’une simplicité déconcertante. Il fait arrêter des citoyens opposés à son régime par des procureurs à sa solde, les fait condamner par des juges aux ordres et les fait emprisonner. Par la suite des hommes de l’ombre entrent en action. Ils font croire aux détenus qu’ils sont abandonnés par les organisations dont ils sont membres et que seul le dictateur Alpha Condé pourrait leur rendre leur liberté à condition bien entendu qu’ils reconnaissent les faits qui leur sont reprochés et se confondent en excuses. Certains détenus désespérés, ne croyant plus en la justice de leur pays, finissent par tomber dans le piège en oubliant que c’est Alpha Condé lui-même qui est la cause de leur malheur et personne d’autre. Ainsi, le démon devient un ange aux yeux de bon nombre de Guinéens. Surtout que les partisans du pouvoir ne manqueront pas de surfer sur cet «acte de pardon » du dictateur pour magnifier son «humanisme», sa «bonté», son «esprit de paix». Ce dernier va espérer ainsi redorer son image ternie par le caractère criminel et dictatorial de son régime. C’est la même méthode qu’il a utilisée dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Koula. Mais une chose reste claire: Alpha Condé demeurera toujours un ennemi de la démocratie et de l’État de droit. Son seul souci est de faire disparaître totalement toute forme d’opposition. Ce qui se présente comme un acte d’humanisme n’est en réalité qu’une mise en scène savamment orchestrée à en juger par la quasi- concomitance de la publication du décret graciant «Grenade» et «Madic 100 Frontière» et la publication d’une tribune de son griot Tibou Kamara. La mise en scène est trop grossière et ne peut tromper personne. Aujourd’hui, Alpha Condé se livre tout simplement à un chantage envers les détenus: « Vous demandez pardon, je vous gracie. Sinon, vous restez en prison ou en exil ». Mais il oublie une chose toute simple : « Ce qui marche avec certains, ne marchera pas avec tout le monde. » Face à lui, il y a des millions de Guinéens déterminés à se battre jusqu’à la victoire finale.
Sékou Koundouno,
Responsable des stratégies et planification du FNDC