Il faut toujours se réjouir que des personnes injustement incarcérés pour leur opinion soient libérées. C’est pourquoi, nos compatriotes Boubacar Diallo « Grenade » et Madic 100 Frontières méritent d’être salués pour le courage et l’abnégation dont ils ont fait montre durant le temps de la détention illégale et prolongée qu’ils ont subie. A aucun moment, ils ne devraient être blâmés pour avoir souhaité recouvrer la liberté à défaut d’une justice « juste et équitable » pour eux.
L’une des leçons à retenir aujourd’hui, c’est que nous avons franchi l’étape du maquillage démocratique pour être de plain-pied dans la dictature. Dans ce deuxième cas de figure, la règle est simple : dans une dictature, c’est « ferme ta gueule » et en démocratie, c’est « cause toujours ». Car pour vivre en Guinée, il faut « la fermer » pour bien vivre dans les « grâces ». Pour bien comprendre cette logique, lisez ce morceau choisi de la tribune du porte-parole du gouvernement de M. Alpha Condé, publié presque simultanément avec la décision de libérer les deux otages politiques. « Le Chef de l’État veut être au service du peuple et, très clairement, ne sera qu’avec celui qui comprend et partage cette noble ambition : le bonheur du peuple ne fera le malheur de personne, mais celui isolé, égoïste et individuel auquel beaucoup ont toujours aspiré, est la tentation interdite, le fruit défendu dans la «dynamique ou dynamite » du « Gouverner autrement » prôné par le Président Alpha Condé ». C’est ce que nous rappelle Tibou Kamara.
Cet appel à l’élégance est, en termes clairs, le modèle de gouvernance que M. Alpha Condé a décidé d’adopter. Depuis ce jour, il a décidé de mettre entre parenthèses toutes les valeurs qu’il avait prétendu défendre pendant ses années dans l’opposition pour s’aventurer dans le rêve d’une présidence à vie. C’est le moment de rappeler au plus Français des Guinéens que le 24 octobre 1940, lorsque le maréchal Pétain est entré dans la voie de la collaboration avec Hitler, c’est bien la France qui s’est vue humiliée et les dignes fils comme le Général de Gaulle ont parlé aux Français. La résistance s’est organisée pour libérer l’Hexagone.
Aujourd’hui, il faut avouer que les Guinéens et les Guinéennes ont compris que le vent de la liberté qui souffle depuis quelques années ne s’arrêtera que quand le peuple se sentira totalement libéré de cette soumission imposée par la force des canons. Aucunement, ce peuple ne blâmera désormais ses dignes fils incarcérés dans les geôles du pays, obligés qu’ils sont de payer la rançon pour leur liberté à travers une supposée « allégeance ». Désormais, c’est n’est plus un secret de polichinelle. Le verrou a sauté. «La loi, c’est sa majesté ». Merci d’assumer la dictature par rançon, « Majesté » !
Abdoulaye Oumou Sow