L’ancien Premier ministre ivoirien Guillaume Soro est condamné mercredi à la prison à vie par un tribunal d’Abidjan.

Il était jugé par contumace pour des faits qui remontent à 2019. Le procureur avait requis la perpétuité dans ce procès qui a débuté le 16 mai dernier. Selon l’ordonnance de renvoi devant le tribunal criminel d’Abidjan, Guillaume Soro et 19 de ses proches étaient accusés de «complot», «tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat» ainsi que de «diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, ayant entraîné une atteinte au moral des populations.»

Deux autres de ses proches en exil avec lui, son directeur de communication Toure Moussa et l’ex-ministre Affousiata Lamine Bamba ont écopés de 20 ans de prison.

Perpétuité et diverses peines

Souleymane Kamagaté dit Soul to Soul, chef de protocole est condamné à la même peine. Des peines moins lourdes ont été prononcées pour la quinzaine d’autres accusés. Les deux frères de Guillaume Soro, Alain et Rigobert ainsi que son ancien bras droit Alain Lobognon sont condamnés pour trouble à l’ordre public à 17 mois de prison. Une peine qui correspond au temps de leur détention préventive. Ils devraient donc sortir dans les heures qui viennent.

C’est aussi le cas d’une dizaine d’autres accusés.

La Cour décide aussi de la dissolution et de la confiscation des biens du parti de Guillaume Soro le GPS.

Qu’ont dit les avocats?

Le tribunal ordonne également aux 19 condamnés à payer solidairement la somme d’un milliard de francs CFA pour dommages et intérêts à l’Etat de Côte d’Ivoire. Une décision bien accueillie par Abdoulaye Ben Meité, Avocat de l’Etat. «Dans tous les cas, il s’agit d’une très bonne décision conforme à la profusion de preuves. Des aveux ont été faits. Je pense aussi que le président a tenu compte de l’amende honorable fait par certains accusés. C’est le cas de M. Alain Lobognon qui a sollicité la clémence du tribunal», dit-il.

Les avocats de la défense parlent de procès politique et dénoncent le manque de preuve. «Voilà quelqu’un qui n’a pas été inculpé qui est jugé et condamné par contumace. Ce sont ces grossièretés-là, ces vilainies juridiques-là qui nous amènent à faire appel. En appel, ce sont des juges beaucoup plus sages, des juges d’une autre dimension. Il faut simplement acquitter Guillaume Soro puisque dans ce procès, aucune des personnes entendues n’a dit avoir été en association avec Guillaume Soro», dénonce Me Raoul Goiby.

Guillaume Soro, qui a aussi été président de l’Assemblée nationale de 2012 à 2019, était poursuivi pour «pour atteinte à la sûreté nationale.»

Émotions des proches

Dans la salle d’audience des proches de personnes condamnées à 20 ans de prison sont sous le choc. «C’est injuste. Ils ne méritent pas cela. Ce n’est pas à un procès qu’on a assisté. C’est un règlement de compte», déclare presque en larme une jeune fille proche d’un condamné.

Quelle est la réaction de Guillaume Soro à sa condamnation ?

Dans un communiqué en date du 23 juin, il déclare qu’il «rejette totalement ces verdicts iniques, prononcés en dehors de toutes les règles de droit et dictés uniquement par des considérations d’ordre politique.»

Qui est Guillaume Soro?

Chef rebelle dans les années 2000, Guillaume Kigbafori Soro a gravi les échelons devenant Premier ministre sous Gbagbo et sous Ouattara avant de finir par présider l’Assemblée nationale ivoirienne. Il vit en exil depuis 2019. A 49 ans, M. Soro était jugé par contumace, ainsi que cinq de ses partisans.

En avril 2020, il avait été condamné à 20 ans de prison pour recel de détournement de deniers publics, «pour avoir tenté de s’approprier, selon la justice, une résidence achetée par l’Etat pour le loger lorsqu’il était Premier ministre». Des accusations qu’il avait niées par le biais de son avocate.

Cette condamnation avait mis un terme à sa volonté de participer à la présidentielle d’octobre 2020, finalement remportée par le président sortant Alassane Ouattara.

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