Le 3 juin, l’opposant et vice maire de Matam, Ismaël Condé, en détention à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie, s’est arrosé de l’eau chaude au visage et à la poitrine en guise de protestation contre la décision de son transfert, prise par le régisseur du gnouf. « On a voulu le transférer dans une cellule où se trouve des bandits de grands chemins condamnés à de lourdes peines, où sa vie pourrait être en danger. Donc, il a protesté et a dit qu’il est un prisonnier d’opinion, il n’est pas condamné. Il n’y a pas de raison qu’on l’envoie dans une cellule où il peut risquer sa vie. Selon ses dires, le régisseur aurait ordonné qu’on l’envoie de force. Il a réagi et s’est aspergé de l’eau chaude sur le visage. Il dit être sérieusement harcelé et que s’il avait la possibilité de se suicider, il aurait fait, car il ne comprend pas pourquoi depuis huit mois il est privé de liberté, sans jugement. Actuellement, il est sous traitement intensif…», explique Me Salifou Béavogui, son avocat.
La justice explique
Dans un communiqué publié le 3 juin sur son fil Twitter, le ministère de la Justice et Garde des Sceaux, a indiqué qu’Ismaël Condé « n’a été agressé par aucun agent et n’est fait l’objet d’aucun harcèlement, contrairement aux déclarations de son avocat », qu’il a toujours des relations difficiles avec certains de ses codétenus. « Ce mercredi 2 juin, dans l’après-midi, Ismaël Condé a eu de vives altercations avec l’un d’eux pour des susceptibilités. Aussitôt alerté, le régisseur est intervenu pour ramener le calme. Cependant, M. Condé était dans tous ses états, compte-tenu de cette mauvaise cohabitation et pour éviter tout autre incident, le régisseur a décidé de le transférer dans un autre dortoir situé près de l’infirmerie », indique le communiqué. Et de renchérir : « Non content de cette mesure et toujours colérique, il s’est volontairement ébouillanté le visage et le torse avec de l’eau chaude.» Après l’acte, la victime a été conduite à l’hôpital. Mais la brûlure est sans gravité, assure le communiqué.
A rappeler qu’Ismaël Condé vice maire de Matam et membre du bureau exécutif de l’Ufdg, Union des forces démocratiques de Guinée, avait été arrêté en septembre 2020 et placé sous mandat de dépôt à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie, (Cona-crime). «Il est interpellé sur la base d’un mandat d’arrêt du 21/08/2020. Il a été conduit à la maison d’arrêt pour mandat de dépôt. Juste après la publication de son appel à prendre les armes, il avait pris l’avion pour Paris. Nous avons attendu son retour pour l’interpeller», indique une source policière, citée par Guinée7.com.
Yaya Doumbouya