Le mercredi 16 juin, tard dans la nuit, la fête a été grandiose, sur les berges de la Lagune Ebrié. Elle a commencé par une véritable marée humaine qui a déferlé sur l’aéroport Félix Houphouët Boigny, à l’est de la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Nostalgiques et fanatiques, des femmes et des hommes sont venus de Yopougon, Abobo-Gare, Adjamé, Le Plateau, Treicheville, Marcory, Koumassi et tuti quanti, pour réserver, le 17 juin, l’accueil qu’il mérite à leur ancien Président Laurent le Bravo-rien. L’ancien taulier de la CPI revient triomphalement au pays au terme de 10 ans de procès, pour crimes contre l’humanité et d’autres peccadilles qui s’est terminé par un simple acquittement, le 31 mars 2021. Une belle claque pour Fatou Bensouda et la CPI qui n’ont pu étayer leurs accusations par des faits irréfutables. On se souvient que Gbagbo s’est retrouvé dans les nasses de la CPI suite à la très calamiteuse élection présidentielle de 2010 qui a entraîné une folie meurtrière parce que les deux candidats, Gbagbo le président sortant et Alassane Dramane Ouattara, le challenger, ont été déclarés vainqueurs, celui-ci par la CEI et celui-là par la Cour constitutionnelle. Face à cet imbroglio politique et juridique, le représentant du Secrétaire général des Nations unies en charge de la certification des résultats de ce scrutin concède la victoire à ADO. Gbagbo refuse la sentence et fait de la résistance. Le bras de fer qui dure finit par ne plus être du tout du goût des Forces nouvelles pro Ouattara qui écument les régions du Nord depuis près de dix ans. Ces troupes armées qui trépignent d’impatience et se rongent les ongles depuis des années déferlent sur le sud du pays et la capitale économique, Abidjan. Ni leurs kalachnikov ni leur volonté, ni leur hargne ne vaincront la résistance des FANCI et les gendarmes loyalistes. Heureusement que Sarko, l’ami de ADO fera le job en faisant bombarder le palais présidentiel et permettre la capture de Gbagbo et passera par la prison de Khorogo avant d’être l’hôte de celle de La Haye. Le procès sera long et ponctué de moult péripéties.
Tout est bon qui finit bien, ont dû s’exclamer les ouailles de l’ancien Président ivoirien, à l’acquittement de leur icône. Si seulement ce procès pourrait servir de leçon de choses aux despotes, ombrageux voire éclairés.
Au-delà de l’esprit festif, le retour du patron du FPI est porteur de plus d’une perspective. On note que depuis le décès de Nana Houphouët, la paix qui lui était si chère, a perdu la solidité qui la caractérisait et est devenue particulièrement fragile. Attendu sur ce terrain, ADO y a lamentablement échoué. Un vrai dos au mur. La chute et le procès de Gbagbo ont exacerbé frustrations et profondes rancœurs qu’il faut dissiper pour permettre au pays de poursuivre ses performances économiques, réduire la pauvreté et renforcer son mieux-être. Cette dynamique requiert que des trois reliques de la politique ivoiriennes que sont Bédié et ses cadets ADO et Gbagbo enterrent la hache de guerre pour fumer le calumet de la paix. Afin que « la paisible et verdoyante Côte d’Ivoire » demeure éternelle.
Abraham Kayoko Doré