Le droit au logement faisant partie des droits fondamentaux universels de l’homme, les difficultés relatives à son exercice par les citoyens guinéens méritent interrogations et résolution. La réalité qui prévaut dans ce secteur prouve que l’État a échoué dans la définition d’une politique publique qui permet de satisfaire les besoins exprimés et résoudre les problèmes existants. Cela est d’autant plus évident que les populations semblent être en avance sur l’État à bien des égards.
L’une des preuves est le fait que ce sont les citoyens qui s’organisent pour désenclaver certaines localités, payer des agents publics pour le lotissement et faire des infrastructures de base (forages, poteaux électriques, caniveaux). Ce sont également eux qui construisent sans permis et qui importent des matériaux de construction non certifiés. Tout ceci démontre l’absence d’une autorité publique vertueuse en amont et en aval. Cela étant, pour résoudre le problème spécifique du logement, voici quelques pistes de solutions :
– Viabiliser des espaces habitables suffisants et sécuriser les documents administratifs. Cela pourra améliorer l’offre pour faire baisser les prix et rendre le logement accessible.
– Promouvoir les agences immobilières crédibles et encourager la saine concurrence. Cela fera disparaître l’amateurisme et l’arnaque déguisés en statut de “démarcheurs ».
– Encourager les banques à accorder des crédits au logement à ses épargnants. Cela peut se faire à travers des garanties publiques pour rendre faible le taux d’intérêt. Bien évidemment, cela concernera surtout ceux qui ont une stabilité professionnelle et un niveau de revenu conséquent.
– Désenclaver les zones d’habitation pour faciliter leur accès. Ainsi aucun endroit ne sera considéré ou perçu comme étant éloigné.
– Déconcentrer les services administratifs, les grands marchés, les hôpitaux et les lieux de loisirs. Cela doit être accompagné par l’amélioration de la sécurité publique.
– Surtaxer les espaces non valorisés pendant une période donnée et selon des zones particulières préalablement déterminées. Cela pourra dissuader la spéculation immobilière.
– Légiférer sur les transactions immobilières pour lutter davantage contre la fraude et le blanchiment d’argent. La traçabilité des fonds permet d’avoir des données fiables pour les besoins d’étude du secteur, de sécurité financière et de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite.
– Déterminer les coûts des espaces habitables selon le principe du prix au mètre carré. Ainsi toute opération d’achat ou de location dans une zone pourra être calculable sur la base du mètre carré multiplié par la superficie totale à occuper plus une marge bénéficiaire éventuelle.
Chacune de ces propositions comporte des détails opérationnels et de mise en œuvre. Je me réserverais juste de les mettre ici tout en affirmant ma disponibilité à contribuer à tout débat ou réflexion sur cette problématique.
Aliou Bah, MoDeL