Pendant ses années d’opposition, Alpha Condé a passé tout son temps à brocardé les régimes de Sékou Touré et de Lansana Conté. Il dénonçait la violation des droits de l’homme, le déficit de la démocratie, la corruption, le détournement des deniers publics, etc. Quel est le Guinéen qui n’avait pas cru qu’avec son élection à la tête du pays, il aurait fondamentalement changé les pratiques qu’il dénonçait. Parti à l’élection de 2010 avec ce préjugé favorable, il a pu avoir les suffrages de nombreux Guinéens.
Mais dix ans après et à l’épreuve des faits, le remède s’est révélé pire que le mal. La corruption et les détournements de deniers publics sont plus que jamais présents et se sont davantage accentués. Le régime d’Alpha Condé repose en réalité sur le clientélisme. Les ressources minières du pays sont bradées à ses amis chinois et libanais qui ont transformé la Guinée en une vaste société commerciale dont ils sont les seuls actionnaires avec quelques ministres et cadres véreux qui sont leurs complices. La région de Boké est l’illustration parfaite de cette mainmise d’hommes d’affaires voyous sur toutes les ressources minières du pays.
En dépit de ce qu’on pourrait dire des régimes de Sékou Touré et de Lansana Conté, des entreprises minières comme la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) étaient et sont toujours entre les mains d’opérateurs économiques sérieux. Ces entreprises dont la performance et la bonne santé n’étaient pas à démontrer, ont réalisé de nombreuses infrastructures pour les populations.
Mais aujourd’hui, les mines sont devenues la propriété exclusive de la pègre nationale et internationale. Dans la Guinée d’Alpha Condé, les scandales de détournement de fonds et de corruption se succèdent les uns aux autres. Mais par calcul politicien, Alpha Condé fait obstruction à toutes formes d’investigations et préfèrent étouffer ces scandales. Ce, dans le seul but de ne pas mécontenter ceux qu’ils considèrent comme des «mobilisateurs» ou des éléments-clés de son pouvoir, car en fin de compte, ce qui compte plus que tout pour lui, c’est la conservation du pouvoir, le pouvoir personnel. Les ressources du pays sont destinées non pas à assurer le bien-être aux Guinéens mais à récompenser ceux qui l’aident, le soutiennent et l’encouragent dans la confiscation du pouvoir. Quelle que soit la gravité d’un délit économique ou financier, Alpha Condé est disposé à protéger et même à promouvoir son ou ses auteurs pourvu qu’il puisse en tirer un profit politique. Avec Alpha Condé, les bandits de tous les pays ont trouvé un nouveau paradis en Guinée.
Voilà la réalité qu’il faut rappeler à Monsieur Tibou Kamara. Ceux qu’il accuse d’avoir été aux affaires et qui n’auraient rien fait pour le développement du pays ou qui seraient responsables de son retard n’ont jamais été présidents de la République de Guinée. Et d’ailleurs, d’autres personnes qui ont appartenu au régime de Conté sont aujourd’hui les principaux collaborateurs d’Alpha Condé. C’est pourquoi, les observateurs qui disent que son régime renferme en lui tous les défauts des régimes précédents qu’il n’a cessé de pourfendre, n’ont pas tort.
On ne peut terminer ce tableau sombre du régime d’Alpha Condé sans mettre l’accent sur le trafic international de drogue dont les principaux auteurs sont dans les plus hautes sphères de son administration.
Aujourd’hui, les Guinéens, à l’exclusion de ceux d’entre eux qui sont les acteurs essentiels de la descente aux enfers de la Guinée, regrettent amèrement le jour où ils ont commis le péché capital de porter leur choix sur un dictateur en puissance pour diriger le pays.
Sékou Koundouno,
Responsable des stratégies et planification du FNDC