La Cour suprême vient de rendre son arrêt dans l’affaire Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba. Elle rejette la demande de mise en liberté de l’ancien aide de camp de l’ex-chef de la junte guinéenne, capitaine Moussa Dadis Camara.
Le commandant Toumba Diakité et ses avocats avaient estimé qu’il devrait être libéré à partir du moment où le parquet de Dixinn et la direction de l’administration pénitentiaire ont omis de renouveler son mandat de détention. Mais la Cour a décidé d’emboîter le pas au TPI de Dixinn et à la Cour d’appel de Conakry. Pendant les débats, le procureur général près la Basse-cour suprême avait pourtant estimé que Toumba devait être libéré, son mandat n’étant plus valable. Pour Me Paul Yomba Kourouma, avocat de Toumba, l’arrêt de la Cour « est en contradiction avec les débats pendant l’audience. Le procureur lui-même a attesté que les moyens soulevés par la défense étaient imparables, le titre de détention de Toumba n’avait, en aucun moment, été renouvelé et que la conséquence de cela était la mise en liberté de notre client. Mais la Cour suprême vient de dénier cette réalité, alors que nous pensions qu’elle allait corriger les tares et insuffisances qui émaillaient des jugements antérieurs. Nous avions pensé qu’elle allait dire le droit.»
Toumba et ses avocats, ayant épuisé tous les recours au niveau national, comptent désormais se tourner vers les juridictions supranationales : «Nous constatons qu’aucune juridiction nationale ne peut assumer sainement le sacerdoce de dire le droit, nous sommes ahuri. Toumba est aujourd’hui malade, il pensait sortir se soigner, mais aujourd’hui il est considéré comme le sacrifice de la forfaiture des autres, comme celui qui paiera pour tout le monde. Nous nous adresserons aux juridictions supranationales qui diront le droit, parce que dans cette affaire, Toumba a été un sauveur.»
Rappelons qu’en mars 2017, plusieurs chefs d’accusation ont été portés contre Toumba Diakité. Il s’agit notamment : meurtres, viols, pillages, incendies volontaires, vols à main armée, coups et blessures volontaires, outrages à agents de la force publique, tortures, enlèvements, séquestrations, agressions sexuelles, attentats à la pudeur, responsabilité de commandement des chefs hiérarchiques et militaires et de complicité. Curieusement, 15 articles du Code pénal puni ces mêmes chefs d’accusation: articles 207, 208, 268, 514, 510, 373, 381, 239, 664, 232, 333, 267, 271, 198, et 19.
Toumba Diakité a été arrêté à Dakar et extradé vers Conakry en 2017. Il fait partie de la dizaine de civils et de militaires inculpés dans le cadre des massacres au stade 28 septembre en 2009. I est cependant le seul à être, à l’heure actuelle, en détention.
Yacine Diallo