Il est bon de savoir que nous luttons contre une dictature qui perdure dans notre pays depuis plus de 60 ans. On n’a pas affaire à des démocrates respectueux des droits humains. C’est donc une lutte périlleuse qui demande des sacrifices extrêmes. Quand on lutte contre une dictature, on doit avoir conscience des risques pris : la prison et au pire des cas, la mort. Mais, nous nous sacrifions pour une cause qui nous dépasse.
Nous devons clarifier les choses pour être bien certains de la finalité de notre engagement. Que voulons-nous ? La démocratie et l’Etat de droit. Ce sont des concepts qui doivent être bien compris au préalable par les dirigeants. Cela étant, nous devons nous placer dans une perspective historique longue aboutissant à l’instauration effective des valeurs démocratiques dans notre pays. Si nous voulons gagner, nous devons éviter toute compromission avec le système dictatorial.
C’est une évidence pour tous qu’Alpha Condé est moralement et politiquement disqualifié pour diriger la Guinée. Il s’impose au pays par la force. Est-ce une raison de prendre acte de cette violence putschiste en collaborant avec lui? Pourquoi dialoguer avec un dictateur qui ne cède sur rien et qui est convaincu que la violence paie? Nous sommes en train de rendre banale la face hideuse de ce régime qui n’a pas hésité à massacrer de jeunes gens pour terroriser les populations et mettre à genoux les dirigeants de l’opposition. Oui, après tous ces crimes, le dialogue est une capitulation.
Au fond, on ne dialogue pas pour que le régime se réforme et accepte l’Etat de droit. Dans le contexte actuel, le dialogue est perçu par Alpha Condé comme un acte d’allégeance à sa personne. Il a tué par centaines des jeunes manifestants et les principaux dirigeants de l’UFDG sont jetés en prison afin de contraindre leur parti à s’agenouiller sous ses pieds. Il a suspendu le multipartisme politique avec l’interdiction de fait de l’UFDG qui est le seul parti de poids qui lui tienne tête réellement. Il ne s’agira donc pas d’un dialogue, mais d’une reddition de l’opposition.
La reddition est inacceptable. J’ai parlé plus haut d’une cause qui nous dépasse, il s’agit de la démocratie et de l’État de droit. En tant qu’humains, nous aspirons à la liberté et à la recherche du bonheur. Le seul système politique qui nous offre cette possibilité est le système de démocratie libérale. Nous nous battons pour cette cause qui nous garantira nos droits et libertés fondamentales. Prenons pour référence le combat de l’ANC qui s’est fixé pour objectif le principe de « un homme, une voix ». Nelson Mandela et ses compagnons ont purgé 27 ans de prison sans renoncer à cette revendication. Plusieurs autres dirigeants de l’ANC sont restés en exil plus de 20 ans en refusant toute reddition. Leur courage et leur persévérance ont fini par payer : la fin de l’apartheid. Le monde libre n’a pas cédé face au nazisme hitlérien qui a été combattu au prix de lourds sacrifices. Nous devons donc avoir un mental d’acier pour affronter cette dictature. Le malheur de l’Afrique, c’est de s’accommoder des violations des droits humains. Nous sommes prompts à fustiger l’esclavage et le colonialisme des puissances européennes, tout en étant moins regardant sur les pires atrocités que nous font subir nos propres dirigeants africains. Ils nous privent de nos libertés, pillent nos ressources et nous maintiennent dans la misère. Pourquoi voulez-vous qu’on s’acoquine avec de tels sinistres individus ? Ils méritent d’être vigoureusement combattus jusqu’au bout.
Nous devons donc poursuivre la lutte. Nous marquons des points non négligeables. Grâce à la mobilisation sans précédent de notre diaspora, Alpha Condé est isolé diplomatiquement à l’international. On l’a vu lors du sommet de Paris sur le financement des économies africaines, il était invité au départ, puis en raison de notre lobbying, le président Macron a finalement renoncé à sa participation. Les exécutants de ses basses besognes sont menacés de sanctions internationales. Le régime est aux abois. Il est étranglé financièrement. La seule carte qui lui reste pour rebondir, c’est d’obtenir la reddition de l’opposition au travers d’un dialogue de façade. Voulez-vous qu’on lui fasse ce cadeau ? Que les faibles démissionnent, mais les vrais combattants doivent poursuivre courageusement la lutte.
Nous devons faire une bonne lecture de la situation politique de notre pays. Il existe une majorité dans la population guinéenne qui aspire au changement démocratique. Depuis les années 1990, cette majorité lutte et maintient la pression sur le pouvoir au gré des trahisons de certains leaders politiques dont Alpha Condé. Vous avez sans doute remarqué la défiance de sa propre base déçue pour le non-respect de ses engagements électoraux. Ce qui veut dire que si des leaders actuels de l’opposition se soumettent au dictat d’Alpha CONDÉ, cela ne mettra pas fin à la mobilisation de cette majorité engagée pour le changement, car d’autres leaders reprendront immédiatement le flambeau de la lutte. Pour être plus précis, je dirais que pour maintenir la dynamique de combat contre l’illégal 3ème mandat, le président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo et le FNDC doivent refuser sans équivoque le dialogue avec le pouvoir dictatorial d’Alpha Condé. Nous ne devons pas nous arrêter en si bon chemin. Il faut lui asséner le coup de grâce pour faire triompher le droit.