Exilé depuis juillet 2016, l’ancien directeur de la cellule de communication de l’UFDG est rentré au bercail lundi 7 juin. Un retour diversement interprété.
Souleymane Thiâ’nguel Bah est rentré au bled comme il en était parti il y a cinq ans : sur la pointe des pieds. Une discrétion qui n’empêche pas un déferlement de visiteurs dans la maison familiale à Cosa : parents, amis, confrères journalistes et artistes…Tous viennent saluer l’aîné des Thiâ’nguel (du nom d’un village de Dougountounny, Mali), le désormais chef de famille depuis la mort du papa, il y a un an (le 25 mai 2020).
Dans un État de droit, Souleymane Bah (son nom à l’état-civil) n’aurait pas souffert de la peine de réclusion criminelle à perpétuité prononcée le 10 janvier 2018 par le tribunal de première instance de Dixinn contre un certain Thiâ’nguel. En deux ans de procédure, ce dernier a été condamné sans avoir été formellement identifié. C’était dans le cadre de l’affaire Mohamed Koula Diallo, confrère tué par balle pendant des affrontements entre pros Cellou Dalein Diallo et Bah Oury, le 5 février 2016.
Souleymane Bah ou Thiâ’nguel ?
Cinq ans durant, Souleymane Bah, connu sous le pseudonyme de Soulay Thiâ’nguel par les lecteurs du satirique Le Lynx, les auditeurs de Lynx FM ou encore les amateurs de théâtre, en paya le prix fort. En décembre 2018, après avoir décroché un poste de consultant en communication à la Banque africaine de développement (BAD), d’une durée de six mois (renouvelable), son contrat est aussitôt résilié au motif qu’il est condamné dans son pays.
Le chômage s’ajoute à l’exil. Souleymane Bah décide de saisir la Cour de justice de la Cedeao pour protester contre la violation de ses droits. L’affaire est encore pendante devant la juridiction sous régionale, contrairement à ceux qui pensent que le retour de l’exilé a été ordonné par une décision de justice. Une procédure désormais sans véritable objet et susceptible d’être retirée, du moment que son initiateur a regagné son pays, et ses droits et libertés ?
Un an de négociations
Pour d’autres spéculateurs, l’ancien exilé a été discrètement gracié par le Prési Alpha Grimpeur, contre son ralliement au pouvoir. Rien de tel. Souleymane Bah n’est pas Thiâ’nguel, donc il n’a jamais été condamné, pour être élargi, selon les termes des négociations ayant abouti à son retour. Les démarches ont duré un an et ont impliqué plusieurs personnes, certaines depuis l’entame, d’autres plus récemment. La décision, politique et non judiciaire, a été prise par Alpha Grimpeur qui, dit-on, n’était pas bien informé du fond de l’affaire. Mis au courant, il aurait décidé de mettre fin à l’injustice que subissait jusque-là Souleymane, sans lui poser la moindre condition. Au contraire, c’est ce dernier qui aurait demandé qu’on ne le gracie pas, pour ne pas salir son casier judiciaire. En lieu et place, il avait juste besoin qu’on admette qu’il n’est pas Thiâ’nguel : le fantôme que la justice a condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, malgré d’ailleurs l’opposition du procureur.
Diawo Labboyah