Pour parfaire le coup d’état constitutionnel qu’il a instigué en Guinée et détourner l’attention sur les assassinats qui l’ont accompagné, Alpha Condé continue à déployer sa panoplie de répression ethnique. Alpha Condé a assis sa dictature sur le ciblage des guinéennes peuls. La ségrégation anti-peule dans la fonction publique et dans les rangs des forces de sécurité est une routine. Les crimes contre l’humanité de 2009 qui visaient principalement des peuls ont fait l’objet d’un déni de justice scandaleux par Mr. Alpha Condé pour plus de onze ans.
Depuis 2010, Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon et plusieurs autres organisations ont dénoncé le déploiement de ces mesures qui visent principalement la communauté peule de la Guinée. Pour rappel, ci-dessous quelques points saillants de la systématique ségrégation anti-peule de Alpha Condé :
- Des plantations des citoyens peuls en Basse-Guinée sont détruites par Labesanji, une organisation acolyte de Alpha Condé, avec le silence complice de l’état.
- Des centres commerciaux appartenant au chef de la Coordination Foulbé et Hal-Pular, El Hadj Ousmane Baldé sont rasés et les occupants chassés sans préavis, sous le prétexte de non-respect de baux.
- Les quartiers majoritairement peuplés par les peuls de Conakry sont démolis et les habitants déguerpis sans compensation. Exemple Kaporo Rails, Kipe-2 et Démodula.
- Les leaders peuls du principal parti politique sont arrêtés et jetés en prison où ils croupissent des mois sans jugement
- À Conakry et dans d’autres centres urbains, des centaines de jeunes peuls sont kidnappés à domicile ou dans les rues. Ils sont détenus sans jugement et torturés en prison à Conakry ou au camp de concentration de Soronkoni, en Haute Guinée. Certains sont élargis après des années de détention quand ils font publiquement allégeance à Alpha Condé et à son parti.
- Les forces de sécurités ont fait pour habitude d’attaquer des domiciles privés des peuls, de bastonner et souvent violer des femmes – poussant l’ignominie jusqu’a uriner dans des cuissons – sans craindre la moindre répercussion.
La fermeture des frontières avec les pays voisins, il y a dix mois, s’inscrit dans cette logique de répression tribale de Mr. Alpha Condé. En effet, les fermetures concernent des pays ayant à leur tête des peuls (le Sénégal et la Guinée-Bissau) ou un vice-président peul (Sierra-Léone). En Guinée-Bissau, Alpha Condé était intervenu ouvertement pour empêcher l’investiture du Président Oumar Embalo. N’ayant pu arriver à ses fins, lors, Alpha Condé l’accuse de vouloir déstabiliser son régime. Pour le cas de la Sierra-Léone, Alpha Condé s’en est pris au vice-président qu’il a accusé de mêmes faits, sans preuves.
Conscient de l’illégitimité de son régime, Alpha Condé a décidé de faire feu de tout bois pour survivre, cela au détriment de la communauté peule de Guinée. Il masque l’incurie dont il a fait preuve pendant dix ans en assimilant la compétition politique à des rivalités ethniques. Il fait de la communauté peule sa cible pour diviser les forces sociales de la nation. Il poursuit une politique délibérée d’affaiblissement économiquement les peuls de la Guinée par l’étranglement unilatéral de circuits commerciaux millénaires entre le Fouta-Djallon et les pays voisins de la Guinée.
La fermeture des frontières et son offensive diplomatique actuelle pour leur réouverture cherchent à déplacer le débat et à noyauter ses crimes avec des centaines d’assassinats et de blessés qui lui ont permis de briguer un troisième mandat. Les fermetures des frontaliers pénalisent sévèrement les opérateurs économiques transfrontaliers qui sont presque tous des peuls. Les présidents du Sénégal et de la Sierra-Léone veulent sûrement alléger les pertes considérables subies durant les derniers mois. Par contre, Alpha Condé cherche à les utiliser pour imposer son diktat avec des conditions de réouverture.
Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon saisit l’occasion pour attirer l’attention des gouvernements du Sénégal et de la Sierra-Léone sur les dangers que comportent les accords de réouverture des frontières. Les clauses font vaguement référence à l’économie. Elles sont plus axées sur la sécurisation du gouvernement illégitime de Mr. Alpha Condé. Par exemple, elles requièrent des patrouilles mixtes avec les armées des pays voisins. Ces patrouilles dans des frontières poreuses et mal définies portent en elles des risques de toutes sortes d’abus sur les populations frontalières, comme l’histoire des dictateurs guinéens avec les états voisins l’a amplement prouvé.
En outre, étant donnée son animosité avérée contre les présidents peuls, Alpha Condé ne manquera pas d’exploiter ces patrouilles avec des infiltrations d’agents provocateurs pour dresser les militaires des pays voisins contre la communauté peule ou leur propre gouvernement. Sur le plan intérieur, les accords permettent à Alpha Condé de continuer à agiter le spectre des menaces extérieures comme justification des repressions en cours contre l’opposition, les exclusions systématiques des peuls doublées de spoliations de leurs biens.
Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon saisit la même occasion pour interpeller la CEDEAO et l’Union Africaine sur la fermeture des frontières.
Durant les récentes crises et violation des droits de l’homme en Guinée, les deux organisations africaines auront brillé par un mutisme coupable, si ce n’est une participation partisane. Les Etats-Unis et l’Union Européenne ont montré plus de soucis contre le régime de Alpha Condé que ne l’ont fait les organisations communautaires Africaines. Il est grand temps que la CEDEAO et l’Union Africaine se ressaisissent et mettent fin à leur support à la répression en Guinée, comme le mandate leurs chartes. Alpha Condé a violé impunément les règles de base de l’Union Africaine et de la CEDEAO. Il a mis sur pied un système propice à un génocide contre l’ethnie peul en Guinée. Si la CEDEAO et l’Union Africaine veulent être prises au sérieux et garder un minimum de crédibilité, il est essentiel qu’elles se penchent sérieusement sur la situation guinéenne. Comme l’a suggéré le président Embalo de la Guinée-Bissau, elles doivent « dire la vérité à Alpha Condé ».
Au minimum, l’Union Africaine et de la CEDEAO devraient prendre des sanctions ciblées contre les sponsors de terreur d’état en Guinée – à l’instar de l’Union Européenne. Pour mettre un arrêt à la folie répressive de Alpha Condé, les organisations communautaires africaines devraient dépêcher une mission d’investigation en Guinée pour visiter les centres de détentions de prisonniers politiques et mener des enquêtes sur les violations graves des droits des citoyens et leur caractère délibérément ethnique. À défaut, les accords transfrontaliers ne seront pas que des lettres-mortes. Ils serviront plutôt à enhardir la clique de Alpha Condé et accélérer les affrontements sociaux en Guinée.
La commission centrale de coordination de Pottal-Fii-Bhantal Fouta-Djallon.
AMPLIATIONS :
- Représentants des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies
- Conseil de sécurité et de paix de l’Union africaine
- CEDEAO
- Ministère des Affaires étrangères du Sénégal
- Ministère des Affaires étrangères de la Sierra-Léone
- Ministère des Affaires de la Guinée-Bissau
- Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme
- Commissariat des Nations unies sur la violence à l’égard des femmes
- Représentant de l’Union européenne en Guinée, Ambassades de France, des Etats-Unis, d’Angleterre, de Chine et de Russie en Guinée
- Représentant de l’Union européenne à l’ONU
- Système de justice mondiale du Département d’État américain
- Ambassades de Guinée auprès des Nations unies et des États-Unis
- Human Rights Watch/ FIDH / OGDH
- Associations Guinéennes des Victimes : AVIPA, AFADIS, AGORA
- Amnesty International