Au moins un mort et des dégâts matériels importants dans de nombreux quartiers. Tel est le bilan provisoire de la forte averse qui a frappé Conakry ces derniers jours. L’eau envahit plusieurs rues et ruelles.
Ibrahima Bah, 14 ans, à la fois élève et apprenti tailleur, a été emporté par les eaux à Hamdallaye-Concasseur (Ratoma), dans la nuit du mercredi 28 au jeudi 29 juillet. Selon son tuteur, l’eau a emporté Ibrahima vers 23h, alors qu’il se rendait à un atelier, en compagnie d’un de ses amis. «A 18h, un ami m’a appelé pour demander que mes apprentis aillent passer la nuit dans son atelier. Mais comme il pleuvait beaucoup, ils ne sont pas allés en ce moment-là. Ils ont attendu 23h, pour partir. Ainsi, quand ils sont arrivés au niveau du fossé, son ami a tenté de continuer, il n’a pas pu, il a reculé. Ibrahima a tenté de traverser, l’eau l’a emporté. On m’a appelé, je suis allé à sa recherche. Jusqu’à 1h30, on ne l’a pas retrouvé». L’adolescent a été retrouvé mort, sous le pont de Taouyah, non loin de la mer.
Autre quartier, autre réalité. Dans le quartier Kobayah, toujours dans la commune de Ratoma, des familles ont été réveillées par les inondations. La construction anarchique en serait l’origine. Mais les riverains se rejettent la responsabilité. Un mur qui servait de canalisation et d’évacuation des eaux usées s’est affaissé et serait à l’origine du débordement de l’eau vers les habitations. Selon Alpha Bangoura, résident à Kobayah, avant, l’eau n’entrait pas chez lui. Il accuse son voisin, Yaya Camara, d’avoir été à la base de l’inondation. «Le fait que mon voisin a cassé le mur qui était entre nous, ce qui a fait que l’eau est entrée chez moi. L’eau a gâté des meubles, plus de huit frigos, des fauteuils, un lit et de nombreux objets de valeur ont été endommagés. Toute la nuit, nous étions en train d’évacuer l’eau, on n’a pas dormi. Nous demandons justice», réclame Bangoura.
Yaya Camara, son voisin, réfute cette accusation et porte la responsabilité à des agents de l’habitat. «Il y a eu inondation à Kobayah dans la nuit du mardi 27 à mercredi 28 juillet, on n’a pas pu dormir. L’eau est entrée dans la cour. C’est le matin que nous avons acheté un moteur pour l’évacuer. Ce n’est pas nous qui avons cassé le mur, ce sont les agents de l’habitat. Jusqu’à récemment, la machine était là».
Sylla Sékou a tout perdu. Assis devant sa maison, il implore la grâce de Dieu pour lui venir en aide. «Depuis le début de la saison pluvieuse, l’eau entre dans nos maisons. Ces dernières 48 heures, une importante quantité d’eau a envahi nos maisons la nuit, vers 2heures. Tous mes objets sont gâtés. Le reste, je suis obligé d’aller les confier ailleurs, mes enfants aussi dorment ailleurs. Ce matin, je suis là avec ma femme, pour évacuer l’eau, pour que nous puissions dormir chez nous aujourd’hui. Nous souffrons beaucoup. Toutes les nuits, nous sommes en train d’évacuer l’eau. Nous avons fait en sorte que les eaux n’entrent pas, impossible. Nous demandons à l’Etat de nous venir en aide ».
Reste à savoir si son appel va tomber dans de bonnes oreilles.
Ibn Adama