Pour conférer aux collectivités locales une plus grande autonomie, le gouvernement a mis en place en 2017, l’Agence nationale de financement des collectivités locales (ANAFIC). La structure, sous la houlette du ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, a commencé ses activités sur le terrain en 2019, en finançant, entre autres, les constructions d’infrastructures dans différentes communes rurales et urbaines du bled. Ainsi, écoles, postes de santé, maisons de jeunes, marchés ont été construits avec «les fonds de l’ANAFIC.»
Dans bien de localités, la gestion de ces infrastructures pose problème. C’est le cas dans la commune urbaine de Coyah, ville périphérique de Cona-cris. En 2019, cette commune, à travers son plan annuel d’investissement (PAI), a bénéficié de deux écoles primaires à Karouba et à Somayah Fory, de deux hangars au marché central de la commune urbaine. Ces hangars d’environ 90 places, le double par rapport à l’ancien, selon l’Administrateur du marché, ne sont pas encore mis à la disposition des vendeuses, un an après la fin des travaux. Ils sont toujours bloqués, alors que les femmes sont sous le soleil et la pluie. La cause reste un mystère. Les vendeuses accusent les responsables du marché : « Les travaux sur ces hangars sont terminés depuis longtemps. Les autorités du marché ne veulent pas que nous nous installions, nous ne savons pas pourquoi. Nous étions là avant la construction des hangars, nos places ont été démolies, ils nous ont fait croire que nous allions revenir dès que possible. Aujourd’hui, nous voyons le contraire. Nous sommes frustrées parce que nous souffrons ici », explique l’une des vendeuses. Selon une vielle trouvée devant un des hangars, le problème serait lié à la volonté de l’Administration de snober les vendeuses installées dans ce marché depuis des années, au profit d’autres : «Nous avons appris ces derniers temps que des femmes qui sont dans les autres marchés viennent verser de l’argent pour prendre nos places, ça ne marchera pas. Moi je ne quitterai pas, quoi qu’il arrive.»
Idrissa Touré, agent de développement local de Coyah est formel, il n’y a pas de raisons qui puissent expliquer que ces hangars ne soient pas opérationnels : «Il y a eu la remise provisoire, la remise définitive. On ne peut pas nous dire que les lieux ne sont pas encore occupés. La commune va régler le problème.»
Pointé du doigt, Nouhan Bangoura, administrateur du marché central réfute ces accusations. Il refile la patate chaude à la mairie : «Ces hangars ont été construits, il y a environ un an, mais jusqu’à présent, nous ne sommes pas autorisés à installer les vendeuses. Nous les avions recensés avant la construction, nous avons tracé les places, nous avons voulu les installer, mais nous n’avons pas reçu d’ordre. Nous ne savons pas pourquoi.» Nouhan Bangoura admet que la pression venant des vendeuses ne fait que monter : «Il ne se passe pas un jour sans qu’elles ne viennent réclamer les places. La commune est informée, mais elle dit que l’ordre doit venir de Conakry, alors que les hangars construits en même temps à Kindia et à Forécariah sont opérationnels.»
Finalement, une partie d’un des hangars est devenue un lieu de stockage des fruits et légumes de certaines vendeuses.
L’autre difficulté est liée au nombre de places dans les hangars. C’est une promiscuité qui ne dit pas son nom qui s’annonce. Des banquettes de trois mètres sont établies dans les hangars. Chacune est divisée en trois parties. Une femme, un mètre. Mais selon, l’Administrateur du marché, ce sont désormais deux vendeuses pour un mètre. Juste pour le dépôt de l’échantillon des marchandises, quoi !
L’autre hic, ces hangars, avant même leur utilisation, commencent à être délabrés. Woïka !
Yacine Diallo