Laurent Kourouma que ses intimes appelaient, lorsqu’il était encore adolescent Papa crâneur pour son élégance impeccable et son goût raffiné, est né le 20 juillet 1950, à N’Zérékoré, dans le cul de sac sud guinéen. Dans cette ville, il grandit dans la plénitude de la culture guerzée et y effectue les études primaires. Admis au Certificat d’études primaires et au Concours d’entrée en 7è, il part à Conakry, grande métropole bien différente de sa rurale Zalikwèlè, pour préparer le Brevet d’Etudes du Premier Cycle et le Baccalauréat, au collège court du 2 Octobre. L’adolescent  s’y construit de nouvelles relations aussi bien au niveau de ses condisciples qu’à celui de ses professeurs. Son horizon s’élargit, sa compréhension du monde s’approfondit, se complexifie. Mais il reste studieux, laborieux.

Il obtient le brevet, puis le Bac. Il n’intègre pas tout de suite un établissement d’enseignement mais est sommé d’aller dispenser des cours dans les lycées et collèges. C’est l’époque de la révolution exigeante.

Depuis longtemps, il était habité par une folle envie d’aller à la découverte du monde comme nombre de jeunes guinéens de son âge. Le voilà bientôt à Bamako où il traîne un moment la savate sans parvenir à résoudre son problème : se rendre en France, sa destination finale. Il poursuit alors son périple à Abidjan où il reste un peu plus longtemps. Il y retrouve d’anciens copains du lycée 2 octobre et noue de nouveaux rapports amicaux.

Quoiqu’il fût plus chaleureux et convivial, le séjour abidjanais ne s’éternisera pas. Laurent finit par s’extirper de la douceur des berges de la Lagune Ebrié pour aller déposer sa valise à Grenoble, via Paris où il s’inscrit à Sciences Po, puis à l’Institut d’Etudes commerciales.

Ils ont, son cousin Milly Honomou et lui, l’aubaine d’avoir, de l’autre côté de la frontière, à Genève, un «grand frère» fonctionnaire du HCR, Blaise Chérif qui les accueillera fréquemment durant les vacances et leur fera oublier le mal du pays. Nanti des diplômes des deux Grandes Écoles sus citées, Laurent reprend le chemin du retour en Afrique. Abidjan est sa première escale où il travaille au Ministère de la Coopération. Citoyen du monde, il poursuit sa découverte du monde et part s’installer en Afrique centrale, à Libreville. Mais là, le virus de la découverte ne l’abandonne point. Il refait sa valise et s’en va aux États-Unis afin d’améliorer, voire maîtriser l’anglais. Là, des questions de procédure ne lui permettront pas d’atteindre son objectif. Il décide alors de rejoindre la Guinée où, d’ailleurs, le décès du dictateur Sékou Touré, la fin de la révolution et l’avènement du libéralisme politique et économique changent la donne. Rien ne s’oppose plus à son retour au pays natal. Revoilà donc Laurent à Conakry. Il travaille à la BICIGUI, puis devient Directeur général de la SOGUIFAB, une entreprise à la peine. Il rejoint Plan Guinée et travaille pendant neuf ans successivement à Guéckédou, N’Zérékoré et Kissidougou. Lorsqu’il y prend la retraite, il devient Consultant international et travaille surtout pour des établissements publics et privés congolais, à Brazzaville.

Il faut noter que le Ministère de l’Environnement des Eaux et Forêts de la Guinée a aussi bénéficié de ses prestations à différents postes dont le BSD.

Laurent Kourouma était, à sa mort le vendredi 23 juillet, Directeur exécutif du CECIDE (Centre du Commerce International pour le Développement). Partout où il est passé, il a laissé de lui le souvenir d’un homme généreux, chaleureux, bon vivant et surtout compétent, talentueux. Né un juillet, parti un juillet, que le Seigneur t’Ouvre larges les portes de son Paradis éternel.

Abraham Kayoko Doré