Entre Sékou Koundouno et le porte-voix du goubernement, il n‘est un secret pour personne que ce n’est pas le parfait amour. Tibou Kamara tente de démonter les arguments utilisés par le Barreau de Guinée pour dénoncer la réincarcération d’Abdoulaye Bah de l’UFDG. Le responsable des stratégies et de la planification du FNDC rappelle à l’ordre le ministre.

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Tibou Kamara ressaisis-toi, tu ne peux pas prétendre donner des leçons à tout le monde. Surtout sur des sujets que tu ne maîtrises pas. Avoir lu une tonne de livres ne fait pas de toi un juriste, un médecin, un anthropologue… Les connaissances livresques ne sont pas une spécialité.

Avec un peu de modestie, tu aurais pu t’en rendre. Comment peux-tu être prétentieux au point de croire que tu peux engager une discussion juridique avec le Barreau. Le souci de plaire à tout prix au dictateur Alpha Condé a-t-il pris le dessus sur ton sens de discernement jusqu’à penser que tu peux battre en brèche des arguments que tout le monde respecte. Si tu avais un peu d’humilité, tu aurais dû laisser ce débat aux juristes du régime comme ceux qui avaient tenté de soutenir par des arguments juridiques le projet de changement. Mais ces juristes, ayant appris à leurs dépens, qu’ils se sont tout simplement ridiculisés dans le débat sur le changement, préfèrent désormais garder le silence sur de nombreuses questions juridiques. C’est toi Tibou Kamara qui pense prendre le relais. Décidément le pouvoir rend fou.

Tu as encore perdu l’occasion de te taire Tibou Kamara.

Dans le dossier judiciaire relatif à l’histoire de détournement de deniers publics concernant une ministre, Tibou Kamara avait eu l’outrecuidance de dire que le procureur de la République, Alpha Seny Camara, était allé au-delà des instructions qu’il avait reçues en ouvrant une information judiciaire pour détournement de deniers publics. Aucun magistrat n’avait levé le petit doigt. Plus tard, il avait déclaré que le procureur est au service du gouvernement. Aucun magistrat n’a réagi pour contredire cette déclaration mensongère. Il a donc pensé qu’il a le droit de s’en prendre à tous les acteurs du monde judiciaire. Si les magistrats avaient rappelé à l’ordre Tibou Kamara, il se serait gardé d’intervenir sur les questions juridiques et judiciaires pour lesquelles il n’a aucune qualification. Il est vrai que chacun se prend pour un juriste en Guinée. Mais il y a une limite à tout.

Dans tous les cas, la réaction de sieur Tibou s’inscrit dans l’ordre normal des choses. Celui qui a été conseiller d’un des plus grands dictateurs de l’Afrique de l’ouest, Yaya Jammey, et qui est ministre d’un autre dictateur, ne peut qu’être effarouché par la déclaration du Barreau. Les dictateurs et les amis des dictateurs n’aiment pas les défenseurs des droits de l’homme.

La tribune de Tibou Kamara doit interpeller le Barreau de Guinée. Un Barreau ne doit pas chercher à plaire à un gouvernement. Les avocats à travers leur Barreau constituent le dernier rempart contre l’arbitraire. C’est pourquoi, ils ne font pas bon ménage avec les pouvoirs qui promeuvent l’injustice et piétinent les droits des citoyens. Le Barreau devrait, en étant le plus objectif possible, prendre position sur toutes les questions nationales de nature juridique ou à incidence juridique. Aussi longtemps que les avocats de Guinée se tairont sur l’arbitraire et les atteintes à la loi, Tibou Kamara ne dira absolument rien. Sa dernière tribune vise justement à confiner le Barreau dans le silence en violation flagrante de sa vocation de protecteur des droits de l’homme. Les avocats ne doivent accepter pour aucun motif cette démission.

Sekou Koundouno responsable des stratégies et planification du FNDC / Membre Balai Citoyen / Membre AFRIKKI