En Côte d’Ivoire, Laurent Ggagbo a proposé, lundi 9 août, à la réunion du comité central extraordinaire du FPI canal historique, la création d’un nouveau parti politique. L’ex-président ne souhaite pas s’engager dans une bataille juridique avec son ancien Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan, qui dirige l’aile légale du FPI. C’est ce qu’indique le communiqué final. Le nouveau parti, selon des sources RFI, pourrait naître en octobre, au plus tard.
C’est après un long hommage aux militants du parti décédés, en présence de leurs familles et après des confidences aux allures de déballage sur son ancien Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan, que Laurent Ggagbo a annoncé la création d’un nouveau parti, rapporte notre envoyé spécial à Abidjan, Jean-Luc Aplogan. Pour justifier son option et « laisser le FPI à Affi N’Guessan », M. Gbagbo a lancé cette parabole : « Sur le chemin de la lutte, on rencontre souvent quelques écueils. Quand tu marches et que tu vois une pierre, tu ne te bats pas contre la pierre. Tu la contournes ou tu sautes. » Un participant qui approuve, explique que cela permettra de travailler sereinement.
L’obstacle dont parle l’ancien chef de l’État, qui s’est exprimé pendant une demi-heure, c’est Affi N’Guessan, président de l’aile légale du FPI, accusé encore d’avoir « pris le parti en otage ». La crise remonte à 2014. Dernier épisode : la condamnation de la tenue du comité central de ce matin par le camp Affi N’Guessan. Il en organise d’ailleurs un, le 14 août prochain.
Un nouveau parti pour octobre
Laurent Gbagbo veut son nouveau parti rapidement, comme le confirme Franck Anderson Kouassi, un des porte-parole de son camp : « Une structure préparatoire va se mettre en place dans une dizaine de jours pour préparer de façon concrète ce congrès constitutif du nouveau parti, qui va naître au plus tard fin octobre ».
Jusqu’au bout, Laurent Gbagbo a évité de régler directement la crise avec son ancien Premier ministre. Ce dernier s’est même plaint de ne pas avoir eu de réponse à une demande d’audience. À l’heure où il prône la réconciliation, pourquoi Laurent Gbagbo ne l’entreprend-il pas au sein de sa formation politique ? Son lieutenant prend sa défense : « Ça aussi, c’est une voie de la réconciliation. Il guerroie avec le président, ce dernier lui laisse le parti, on va en créer un autre. Je ne sais pas s’ils vont se voir ».
Au comité central de ce matin, il y avait deux stars : Simone Gbagbo, très ovationnée à son arrivée, et Laurent Gbagbo lui-même, très applaudi à son apparition et pendant son discours.
Du côté du FPI-légal, on prend acte de l’annonce de Laurent Gbagbo. La création de ce nouveau parti par l’ancien président ivoirien clarifie la situation, estime Issiaka Sangaré, le secrétaire général et porte-parole du FPI. Issiaka Sangaré dit ne pas craindre l’hémorragie de ses adhérents : « Déjà en 2019, d’aucuns avaient craint une hémorragie et celle-ci n’était intervenue. Les militants ont compris que l’environnement a évolué, qu’il y a de nouvelles priorités et que le parti doit se projeter sur des lendemains qui permettent d’apporter des solutions réelles. Nous avons même bon espoir que beaucoup d’Ivoiriens vont nous retrouver. » Tandis que pour Pascal Affi N’Guessan, qui réagit sur son compte Facebook, Laurent Gbabgo « endosse de manière assumée, devant nos compatriotes et devant l’histoire, la responsabilité du schisme qui marque désormais l’épopée du FPI ».
RFI