Ce mardi 10 août à la Maison de la presse, à Kipé, amis, parents et anciens collaborateurs ont commémoré l’an un de la disparition du célèbre percussionniste Papa Kouyaté, décédé le 10 août 2020 à l’âge de 70 ans, des suites de maladie. Une prestation de quelques minutes a remplacé la traditionnelle minute de silence.

A l’entame de son laïus, l’ancien ministre de l’Information et de la communication, Justin Morel Junior, a salué l’initiative de Thierno Saïd Diakité, consultant sportif qui a eu l’idée de rendre un vibrant hommage à ce monument de la culture guinéenne à travers un point de presse. Pour lui, Papa Kouyaté était un homme humble, jovial et travailleur. « Nous avons vécu avec « Papa » durant toutes ses aventures. Le parti PDG-RDA ne voulait pas qu’il y ait des ensembles qui naissent en dehors des structures du parti. Il fallait des orchestres d’arrondissements de PRL, d’arrondissements de fédérations et jusqu’au plan national. Mais c’était la première fois que par amour pour un autre artiste, des jeunes intellectuels se réunissaient pour faire autre chose mais toujours dans l’esprit de la Révolution culturelle mais qui n’avait pas été compris au départ et il a fallu beaucoup de stratégies et de stratagèmes pour pouvoir passer ses étapes. Mais la Révolution a fini par récupérer son groupe qu’elle a mis à la disposition de la fédération de Conakry 2, comme orchestre fédéral. Cet ensemble nous a impliqué avec la bénédiction d’une dame qu’on n’oubliera jamais, Madame Delphine Béavogui, qui fut la marraine du groupe et qui lui permettra de s’exprimer sur plusieurs podiums, ici en Guinée et ailleurs ».

 Jean Baptiste Williams, directeur national de la Culture est revenu sur les débuts de Papa Kouyaté dans la musique : « Né avec le rythme dans la peau, Papa Kouyaté a fait ses études primaires à Mamou, ville carrefour. Atteint par le virus de la musique, il ne trouvera aucune peine à intégrer les orchestres du Bafing Jazz de Mamou, après un apprentissage avec « La gazelle tumbiste » titulaire dudit orchestre. Il a effectué un bref passage dans le Téné Jazz de Dalaba, avant de rejoindre sa mère qui gérait la toute première pharmacie de Dubréka. Papa Kouyaté, parrainé par son oncle, feu Sékou Cissoko, est engagé comme mécanicien auto dans la famille Sylla au quartier Mafanco dans la banlieue de Conakry. Suivra son intégration par les soins de feu Alkhaly Mohamed Keita au sein du Soumba Jazz de Dubréka. Après une brillante prestation de Papa Kouyaté alors percussionniste du Bafing Jazz de Mamou lors de la Quinzaine artistique nationale de 1966 à Conakry, le Maestro Kèlètigui Traoré est séduit et sollicite auprès des autorités en charge de la Culture son recrutement au sein de l’orchestre de la Paillote. Cumulativement à ses fonctions de percussionniste de talents dans l’orchestre national Kélètigui et ses Tambourinis, il fonde le 11 mai 1973, l’Orchestre Galaxie “Sextet Camayenne” avec Justin Morel Junior, Jean Baptiste Williams, Ange Miguel, Bossely Keita, Salia et Mamadouba Camara “MC”.

Ce groupe de jeunes élèves et étudiants s’appellera en 1975 « Camayenne Sofa ». Au sein de cet orchestre, Papa Kouyaté devient un précurseur de la mise en exergue de la batterie dans la pratique musicale. Au milieu des années 1970, sur instructions de feu Président Ahmed Sékou Touré, Papa Kouyaté est invité à accompagner Miriam Makéba. Précédé de ses talents de percussionniste hors pair, il sera de tous les rendez-vous internationaux de “Mama Africa” jusqu’au rappel à Dieu de la grande combattante de la lutte anti-apartheid.

En compagnie de Mamadou Antonio Souaré, Papa Kouyaté sera du cercle restreint qui assistera aux cérémonies funéraires de l’illustre regrettée Miriam Makeba décédée le 9 Novembre 2008. La Guinée doit au bouillant Papa Kouyaté la création des groupes “Djagba Beat”, ” Les Sorciers de Papa Kouyaté” et “Kèlèti International” entre autres. Sur le plan des collaborations, il a souvent accompagné et apporté sa précieuse touche musicale aux orchestres Syli Authentique, Bembeya Jazz National et les Héritiers de Sory Kandia. Boncana Maiga et une kyrielle d’arrangeurs de renoms ont sollicité ses services dans les studios d’ici et d’ailleurs. À ce titre, il figure sur un grand nombre d’albums musicaux comme “Kouyaté & Kouyaté”, “Lancey”, “Kassé Mady” pour ne citer que ceux-ci ».

La fille ainée du défunt, Fifi Kouyaté émue par les différents témoignages, a remercié au nom de sa famille ceux qui œuvrent pour immortaliser son défunt père et ses œuvres.

 Kadiatou Diallo