Le 12 août à Abidjan, une jeune dame de 18 ans a été testée positive à la fièvre hémorragique à virus Ebola. C’est après analyse en laboratoire que l’Institut Pasteur d’Abidjan a confirmé le premier cas d’Ebola en Côte d’Ivoire depuis 1994, rappelle le ministère ivoirien de la Santé. La patiente vient de la Guinée où une résurgence en janvier du virus a été éradiquée le 19 juin dernier. Mariée il y a un mois, la jeune dame a quitté Labé dans l’intention de rejoindre son mari à Abidjan, par la route. Pendant le trajet, elle a traversé plusieurs préfectures de la Guinée de côtoyant de nombreux passagers dans différents véhicules tant côté guinéen qu’ivoirien.
A son arrivée à Abidjan, elle a été admise à l’hôpital à la suite d’une fièvre et est actuellement sous traitement, explique l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le 14 août. « On a été informé par l’ANSS (Agence nationale de la sécurité sanitaire). On a eu des identifiants de la fille. Elle ne résidait pas dans sa famille maternelle. Elle était dans sa belle-famille et c’est de là qu’elle est partie à Abidjan. Mais, ce sont des informations partielles que nous sommes en train de recouper », a déclaré Dr Mamadou Oudy Bah, le directeur régional de la Santé de Labé, à des confrères. « On a retrouvé la famille de l’intéressée et les dispositions sont en train d’être prises dans le cadre des différentes prises en charge. Il faut rechercher les contacts, prévoir éventuellement un site si on a des cas », ajoute-t-il. La famille maternelle de la jeune dame, la famille de sa grand-mère et celle de sa belle-famille ont été identifiées, car « elle s’est mariée il y a juste un mois ».
L’ANSS se grouille
Le 15 août, l’ANSS (Agence nationale de la sécurité sanitaire) a octroyé 5000 doses de vaccins contre Ebola à la Côte d’Ivoire. « En plus, nous envoyons une équipe de 5 membres pour que la vaccination puisse commencer pour les contacts les plus proches. Nous sommes en relation avec l’OMS pour envoyer les dernières molécules qui ont fait leur preuve à Nzérékoré. Le but est de commencer le traitement avec ces médicaments de dernière génération afin de donner une chance de survie pour les cas que nous allons enregistrer », a indiqué Sakoba Keita, le directeur général de l’ANSS. « Nous voulons mettre à la disposition de la Côte d’Ivoire dans le cadre de cette déclaration toutes les innovations que l’OMS a promises », renchérit le représentant de l’OMS en Guinée, Georges Alfred Ki-Zerbo.
Lundi 16 août, la première réunion de crise sur le cas d’Ebola en Côte d’Ivoire s’est tenue à l’ANSS, à Conakry. Elle a réuni 44 personnes, dont certaines par visioconférence. Parmi eux, des cadres du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, des Directions régionales de la santé de Labé et de Nzérékoré, ainsi que des partenaires techniques et financiers. Au sortir de la réunion, des recommandations ont été formulées : renforcer la surveillance et rendre disponible la définition de cas d’Ebola à Labé et à Nzérékoré, lister tous les contacts et envisager une vaccination en ceinture, identifier et aménager un centre de prise en charge des cas éventuels d’Ebola, envoyer une équipe mixte à Labé, rendre disponible TDR Ebola afin de tester les contacts, le partage réciproque d’informations entre la Guinée et la Côte d’Ivoire.
L’OMS rassure
« Il est extrêmement préoccupant que cette épidémie ait été déclarée à Abidjan, une métropole de plus de quatre millions d’habitants », s’alarme Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, sur le site de l’organisation, le 14 août. « Cependant, l’essentiel de l’expertise mondiale en matière de lutte contre la maladie à virus Ebola se trouve ici, sur le continent. La Côte d’Ivoire peut tirer parti de cette expérience pour accélérer la riposte. Il s’agit de l’un des six pays auxquels l’OMS a récemment fourni un appui dans le but de renforcer la préparation à la lutte contre la maladie à virus Ebola et ce diagnostic rapide montre que la préparation porte ses fruits », ajoute-elle.
Yaya Doumbouya