Comme avec Ebola en décembre 2013, la maladie à virus de Marburg est aussi apparue à Guéckédou, en Guinée forestière. Pourquoi cette région est-elle la cible des fièvres hémorragiques virales ?

Certes c’est dans la ville de Wuhan, en Chine, que le Coronavirus (Covid-19) est apparu le 16 novembre 2019, avant de s’étendre rapidement et devenir pandémique. En décembre 2013, c’est en Guinée forestière que la fièvre hémorragique virale Ebola était apparue. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le patient zéro serait un enfant décédé en décembre de cette année près de Guéckédou. Avant que la maladie ne s’étende sur le reste du pays et dans la sous-région (Sierra Leone, Liberia, Côte d’Ivoire…).

Après avoir déclaré la fin de l’épidémie en 2016, près de cinq ans plus tard, la Guinée notifie un cas d’Ebola dans la préfecture de Nzérékoré, le chef-lieu de région : une infirmière décédée fin janvier 2021 et inhumée le 1er février dans la sous-préfecture de Gouécké. Cette première victime recensée a développé  des symptômes après l’hospitalisation de sa belle-mère, décédée courant janvier, a été considérée comme étant le patient zéro, en dépit du fait qu’elle « a présenté une symptomatologie très pauvre, qui ne répond pas à 100 % à la définition de cas », confiait alors le docteur Adama Kaba, directeur régional de la Santé de Nzérékoré.

168 cas contacts, aucun suspect

Le 19 juin dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les autorités guinéennes ont annoncé officiellement la fin de cette deuxième résurgence de la fièvre hémorragique Ebola. Deux mois après, le 9 août, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé ce que les médias relayaient déjà depuis quelques jours : la détection d’un cas de la maladie due au virus de Marburg, très dangereuse et provoquant une fièvre hémorragique. Le premier cas, un homme décédé le 2 août mais dont les symptômes remontent au 25 juillet, selon l’OMS, a été enregistré dans le village de Témessadou, situé dans la sous-préfecture de Koundou, préfecture de Guéckédou. Une nouvelle fois ! « La maladie à virus de Marburg, qui appartient à la même famille que le virus responsable de la maladie à virus Ebola, a été détectée moins de deux mois après que la Guinée a déclaré la fin de l’épidémie d’Ebola qui avait éclaté au début de l’année », rappelle le communiqué de l’Organisation mondiale de la santé.

Le docteur Adama Kaba, directeur régional de la Santé de Nzérékoré, rassure : « L’évolution est bonne. Nous avons fait des investigations dans les localités principalement concernées à la recherche d’éventuels cas suspects. Jusque-là, nous n’en avons enregistré aucun, heureusement. Nous avons recensé tous les contacts du défunt afin de les suivre pendant 21 jours. Ils sont au nombre de 168 ».

« Une importante colonie de sauve-souris »

Comme Ebola il y a cinq ans, le premier cas de maladie à virus de Marburg a également été enregistré dans la préfecture de Guéckédou, en Guinée forestière. De quoi susciter des interrogations. Cette partie du sud de la Guinée où, théoriquement, il pleut neuf mois sur douze, abrite une forêt dense et une faune caractérisée notamment par la présence d’éléphants et de crapauds vivipares. Mais les hypothèses portent sur l’existence d’une grande colonie de sauve-souris trouvée dans des grottes, à Guéckédou, avance, prudemment, le docteur Adama Kaba. « En principe, le virus de cette maladie (Marburg comme Ebola, ndlr) a pour réservoir les sauve-souris. Quand on sait qu’il y en a dans des grottes dans différentes localités, il se peut que les gens aient été en leur contact ou au contact de leurs excréments. Cela peut avoir été à l’origine de la maladie, mais ce sont des hypothèses ». Le directeur régional de la santé de Nzérékoré de renchérir : « On a envoyé des enquêteurs qui ont rencontré des sauve-souris dans les grottes, à Koundou. Une colonie importante. Il est scientifiquement établis qu’ils sont les réservoirs du virus de Marburg et celui d’Ebola, les deux fièvres étant de la même famille ». Les chercheurs guinéens (et du monde) sont donc interpellés.    

Diawo Labboyah Barry