A moins d’un an de l’entame de son troisième mandat anti-constitutionnel au prix de brimades et de répressions policières meurtrières, le Président guinéen, Alpha Condé de plus en plus isolé depuis son palais Sékhoutouréya engage le bras de fer d’avec Paris, Bruxelles et les Nations-unies. Dans un contexte de délitement économique et de déprime sociale collective. Retour sur un pouvoir au bord du chaos. Détails exclusifs.

Depuis sa réélection comptant pour un 3ème mandat anti-constitutionnel et qui avait fait des centaines de morts octobre 2020, le Président guinéen Alpha CONDÉ continue sa furie meurtrière et piétine les droits humains. Le locataire du palais Sékhoutoureya de Conakry est plus qu’isolé désormais et joue au loup solitaire. Selon des sources bien informées parvenues à Confidentiel Afrique, il est devenu plus nerveux et inaccessible vis-à-vis de son shadow-cabinet. Idem pour des proches collaborateurs du palais présidentiel qui peuvent rester des jours sans le voir ou lui parler. Que se passe-t-il ? Revigoré au lendemain de son coup de force électoral sur fond de brimades répressives policières et d’arrestations arbitraires tous azimuts d’opposants et d’influentes figures de la société civile, lesquels contestaient avec la dernière énergie l’illégalité de son troisième mandat, le pouvoir d’Alpha CONDE sur tous les segments de l’appareil administratif se rétrécit progressivement comme une peau de chagrin. En réalité, nous confie une source, la stratégie du Président a toujours été d’aboyer et d’incriminer ses adversaires en voyant partout du noir. C’est le style Alpha CONDE. Une méthode digne des goulags.

Le Représentant Spécial des Nations Unies en Afrique de l’Ouest et du Centre,  Mahamat SALEH Annadif et Alpha Condé

Paris, Bruxelles et les Nations-unies isolent le régime de Conakry

En dépit des contestations ces derniers mois, sa réélection à la tête du pays est restée un fleuve douloureusement agité. Sa rage de régenter la République bascule dans le vril. La soupape des ressorts a volé en éclats. Ce qui explique en grande partie les échappées du pouvoir entre ses mains. Nos investigations poussées dans les arcanes du pouvoir estiment l’état de délitement très avancé de la gestion du pays. Des sources autorisées exclusives ont révélé à Confidentiel Afrique, que plusieurs dizaines de milliards de francs guinéens ont été soutirés des caisses du Trésor par des hauts dignitaires du régime (ministres et Directeurs généraux) pour battre campagne présidentielle. Beaucoup de sang et des muscles enragés dans les bras et sur la conscience du régime dont au premier chef, le locataire du palais de Conakry. En complicité avec des ministres du gouvernement et des hauts gradés des forces de sécurité et de défense. Ses crimes tôt ou tard seront jugés devant de hautes juridictions internationales, glisse un responsable d’Amnesty International. ‘’ Toute impunité se paiera cash. C’est juste une question de temps’’ avertit notre interlocuteur. Pour l’instant, le régime d’Alpha CONDÉ n’en a cure.. Le marasme économique balafre le pays. En dépit des  cascades de détournements, le régime d’Alpha CONDÉ continue à faire tourner le turbo de la gabegie, de la corruption et du laxisme. Des personnalités de premier plan ont été épinglées dans des détournements de deniers publics. Beaucoup de guinéens pensaient que ces actes allaient faire l’objet de sanctions.  Coup de théâtre! Au finish, en lieu et place, d’être traînés en justice, ils ont été tout simplement promus à des maroquins stratégiques. Pourquoi cette posture ? Alpha CONDÉ adule les incompétents et récompense les comploteurs et les anarchistes confesse notre source. Alors que les mains expertes et les intelligences brillantes passent sous son éteignoir.  Face à l’incurie et à la gabegie de ses ministres et de ses Directeurs généraux qui siphonnent les caisses de l’État, il s’essaye tout de même à durcir le ton en donnant l’air d’être sérieux et détenteur des leviers. Loin de tout cela! Alpha CONDÉ dans sa posture d’être l’Alpha et l’Oméga de la Guinée qui part en vril ne contrôle absolument rien, soupire un diplomate.

Depuis sa campagne présidentielle d’octobre 2020, contre toute attente, il se barricade et ferme les frontières avec ses voisins immédiats (Guinée Bissau, Sénégal), Gambie et Sierra-Léone. D’où lui est tombée cette décision? Qui l’ont conseillé ? Conakry invoque une tentative de putsch imaginaire commanditée par des pays voisins. Hallucinant! Au fil des mois, le pays est à genou. Presque. Les régies financières, pourvoyeuses de ressources financières internes sont au trépas. Devant l’impuissance d’un Premier ministre essoufflé, le moral au rabais et isolé. Le Sherpa Kassory FOFANA Alias Donkass poireaute dans ses bureaux cossus et abandonné à son rôle de Chef d’orchestre, sans pouvoirs. Un autre supplice que Kassory FOFANA vit douloureusement dans sa chair et infligé par le locataire du palais de Conakry. Selon nos informations, le Premier ministre Kassory FOFANA n’a plus de leviers entre ses mains. Car, tout est centralisé à la Présidence de la République. Ce qui laisse entrevoir une cohabitation de façade fragile entre le Chef de l’État et son Premier ministre. Flots de turpitudes politiques et de tumultes s’en suivent. L’ire des opérateurs économiques et hommes d’affaires gonfle et l’état asphyxié. La rue est dans une fournaise sans précédent. Conakry minimise la situation économique et financière pour juste bluffer la communauté internationale.  Qu’à cela ne tienne. Conakry joue contre la montre et pédale en douceur. Dans son camouflet diplomatique, le Président Alpha CONDÉ isolé sur la scène internationale, zappé par Paris où son principal et puissant missi dominici Albert Bourgi est aphone depuis deux ans et black-listé par Bruxelles, compte s’échauffer sur la piste de la CEDEAO, en s’appuyant sur le Chef de l’État du Ghana, Nana Kufo Ado, son nouvel allié. Le célèbre politologue franco-sénégalais Albert Bourgi et son ami de banc de classe à Louis LeGrand, Bernard Kouchner sont invisibles au palais Sékhoutouréya. Que s’est-il passé ? Un habitué du palais ergote que le Président Alpha CONDÉ a perdu le Nord et n’écoute plus personne, même ses intimes de couverts nocturnes.  Sa dernière audience qui remonte au 16 juin 2021 avec le diplomate Tchadien, Représentant Spécial des Nations-unies en Afrique de l’Ouest et du Centre,  Mahamat SALEH Annadif, révélée en exclusivité par Confidentiel Afrique dans son édition électronique du 17 juin dernier, en dit long.

Au pas de charge, le remplaçant du diplomate  Ghanéen, Mohamed Ibn CHAMBAS, est venu dire ses quatre vérités au Président CONDÉ. L’audience était glaciale entre les deux hommes, comme l’avait révélé Confidentiel Afrique, au point que les choses ont failli se gâcher. Au menu de leur entretien, la situation politique fortement crispée du pays et les restrictions liberticides des responsables de l’opposition et de la société civile. Le cas Cellou Dalein DIALLO préoccupait le diplomate tchadien, lequel a demandé au Chef de l’État de desserrer l’étau. Conakry fait toujours la sourde oreille. Selon des fiches de renseignements parvenues à Confidentiel Afrique, Antonio Guterres et le patron de la Commission de l’Union européenne sont très remontés contre le régime de Conakry, qui veut ramer à contre-courant.

Une source diplomatique bien introduite a confié à Confidentiel Afrique que le Président Alpha CONDÉ est en sursis et les instances de la communauté internationale dont en première ligne l’administration de Antonio Guterres et de Joe Biden ne lui feront pas de cadeau. ‘’Nous l’observons et il sait bien ce qui l’attend’’ glisse le diplomate.

Mais, l’ami de Michel Roussin, lequel a pris ses distances nous dit-on depuis la montée en puissance du concessionnaire turc AlBayakh sur les tanks du port de Conakry, a la tête dure. D’autres sources consultées par nos soins, estiment que le vizir breton Vincent Bolloré a été déçu des actes posés par Alpha CONDÉ, qui joue à grosses cordes le pavillon turque au détriment du groupe français Bolloré. Derrière ce rapprochement fulgurant d’avec le concessionnaire turc, on évoque le fameux deal de l’avion d’Erdogan qui transporte le Président CONDE dans ses déplacements officiels à l’étranger. Depuis quelques mois, Conakry n’a pas honoré la facture du leasing et sur injonction d’Istanbul, l’avion ne vole plus avec à son bord le Chef de l’État guinéen. Il est immobilisé dans un des aérogares de la flotte turque. Le Président Alpha CONDE aurait enrichi à satiété tout son entourage. On évoque le marché de gré à gré à coups de millions d’euros attribué à un de ses conseillers et assidu visiteur, le franco-tchadien ADOUM Dénis. Ce dernier qui fait office de ‘’flic du palais’’ avec les fameuses tables d’écoutes téléphoniques logées à la Présidence de Conakry, gère le scanner portuaire. Le Président Alpha CONDE a dessaisi de la gestion du scanner le Directeur de la Marine marchande Monsieur GARAYA. Sans aucun motif, explique-t-on. En dépit de tous ses déboires, Alpha CONDE déroule sa stratégie.

D’abord dans l’espace CEDEAO, où il compte rebondir. Le temps d’enlever la pilule sous sa gorge de la fermeture des frontières de ses voisins. Dakar reste intraitable, car, le Président Macky SALL, entend le lui remettre  le caquet de son arrogance et de son manque d’humanisme diplomatique de bon voisinage. Les sirènes diplomatiques envoyées par Conakry à Banjul ne desserreront pas l’étau sur Alpha CONDÉ par Macky SALL. Bissau n’est pas aussi prêt de dégonfler les longs mois d’étuves cauchemardesques. Le Président Embalo SISSOKO n’entend céder d’un iota. Il a toujours défié son homologue guinéen qu’il qualifie de Président ‘’ mal civilisé’’ aux codes politiquement incorrects. Alpha CONDÉ s’est attiré en si peu de temps la foudre de ses pairs voisins immédiats. Au sortir du dernier raout d’Accra en date du 19 juin 2021, la situation était si tendue que la machine diplomatique guinéenne mise à rude épreuve n’a pas arrangé les choses. Dans certaines officines bien informées, on parle d’un deal de circonstance de façade entre les Présidents Nana Kufo Ado et Alpha CONDÉ. Emballo SISSOKO et Dakar sont restés toujours intransigeants vis-à-vis de Conakry.

Macky SALL  intransigeant, BARROW tombe dans le piège d’Alpha CONDE

Avec même ce semblant léger dégel diplomatique sur l’axe Banjul-Conakry, le Chef de l’État sénégalais Macky SALL a dépêché dans la capitale guinéenne un général de l’armée pour s’enquérir des discussions entre Banjul-Conakry. Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, Macky SALL a demandé poliment des explications à son homologue gambien par le truchements de son émissaire officier à Banjul et a exigé un état des lieux détaillé tendant vers une bulle de  décrispation diplomatique. Mais les dessous du puzzle sont insoupçonnés. Selon des informations exclusives parvenues à Confidentiel Afrique, ce dégel diplomatique entre Alpha CONDE et Adama BARROW est l’œuvre du ministre guinéen Tibou KAMARA, ex-confident de l’opposant guinéen Cellou Dalein avant de tourner sa veste 100 à l’heure pour rejoindre le camp du pouvoir. Selon nos informations, la main de Tibou KAMARA dans l’opération en préparation de rapatriement à Banjul de l’ancien Président gambien Yaya Jammeh, reclus à Malabo (Guinée-Équatoriale) depuis sa chute du pouvoir aux élections présidentielles de 2016, y a fortement contribué. L’ancien président Yaya Jammeh, parti en exil en Guinée Équatoriale le 27 janvier 2017, est-il devenu si encombrant auprès des yeux du régime d’Obiang N’guéma?

Que peut bien cacher le deal de cette trouvaille Alpha CONDE-Barrow-Jammeh ? Nos informations évoquent la volonté de neutraliser et d’isoler le Président Macky SALL, de ce qui reste encore de son leadership sous régional, afin qu’il perde la main sur Banjul, un allié diplomatique stratégique de taille pour le Sénégal depuis l’avènement début février 2017 de Adama BARROW à la tête du pays. Alpha CONDÉ cherche-t-il à contrôler le cockpit d’Adama BARROW depuis le palais Sékhoutouréya de Conakry? En clair, le Président Macky SALL devra surveiller ses arrières pour ne pas être relégué aux seconds rôles et de tomber dans l’étau d’Alpha CONDE, lequel compte s’ériger en potentiel initiateur d’un futur et probable axe du feu. Les mois à venir nous édifieront. 

Le bourreau révulsant de Foniké Mangue

Sur le champ politique, le régime continue à faire peur dans une main de fer impitoyable. Le dossier de Foniké Mangué, nom du célèbre membre de la société civile, incarcéré dans les geôles d’Alpha CONDÉ depuis 15 mois fait grand bruit. Son seul tort est de s’opposer farouchement au projet du 3ème mandat. Son épouse Hawa Djan DOUKOURÉ, est montée au front pour exiger la libération de son mari, qui n’est rien d’autre qu’un ‘’prisonnier politique’’ d’Alpha CONDÉ. L’état de santé de Foniké Mangué est dégradant depuis son incarcération arbitraire qui agace tout le pays et les citoyens honnêtes, épris de justice et de liberté. La lettre adressée au régime par son épouse est pathétique et traduit la pénibilité ressentie par les organisations des droits de l’homme aussi bien en Guinée qu’au-delà de ses frontières. Quelques extraits de la missive de l’épouse de Foniké Mangue.

«Alpha Condé veut faire de moi une jeune veuve en tuant mon mari. Depuis que j’ai quitté mon mari à l’hôpital Mardi, mon cœur ne cesse de battre et mes larmes couler chaque fois que je pense à ce que Alpha Condé, Kassory FOFANA et le ministre de la justice veulent faire de mon mari. Je suis inquiète pour la vie de mon mari, inquiète pour nos enfants, inquiète pour moi-même. Quand l’état de santé de mon mari s’est dégradé mardi à cause des conditions de détention inhumaines qu’il subit depuis plus de 15 mois, il a été évacué à l’hôpital Ignace Deen en ma présence. Malgré la conclusion du collège des médecins cardiologues qui exigeaient une hospitalisation d’urgence, Alpha Condé à travers son ministre de la justice Mory Doumbouya et son directeur de l’hôpital Ignace Deen Dr Awada ont refusé d’accéder à cette demande. Les médecins ont pourtant précisé qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort, jusqu’à ce qu’un médecin conseille à mon mari de se déplacer dans une chaise roulante, avec le risque qu’il ne tombe en marchant’’. Ce silence du régime d’Alpha CONDE l’enfonce davantage sur sa mauvaise réputation envers le respect strict de la charte des droits humains». Le pays s’est installé dans un véritable foutoir où on bafoue les traités et conventions signés pour les beaux yeux du prince’’ peste un officiel d’Amnesty International. À Conakry, la mort atroce de Roger BAMBA éclabousse des hauts dignitaires de la République.  La famille de la victime précise que les mains du ministre de la Justice et celles du Président CONDÉ, y sont pour quelque chose. Une marche populaire de protestation contre les conditions dégradantes et critiques de détention de l’activiste guinéen, Foniké Mangue est prévue le 03 Août prochain à Conakry. Contre vents et marées, le supplice perdure, dans un pays au ralenti, sur fond de rapports clivants et de déprime collective, aux allures ubuesques, et jusqu’à quand ?

Par Hugues DESORMAUX

(Confidentiel Afrique)