A Cona-crime, déjà depuis belle lurette, la circulation va de mal en pis. Pour les automobilistes, parcourir la ville est devenu un véritable parcours de combattant. Les points noirs ont émergé un peu partout. Il est devenu extrêmement difficile de sortir le soir et de se taper un peu de fraîcheur vespérale. L’entrée et la sortie de la presqu’île de Kaloum, au niveau du Palais du peuple, dissuadent les plus têtus des automobilistes tant les bouchons qui s’y forment sont gigantesques. Un peu plus loin, côté banlieue, à Dixinn, la Minière, Taouyah, les mêmes affres des usagers se répètent. La haute banlieue qui a longtemps échappé à ces spectacles détestables et décapants, en est à présent marquée à présent. Circulez entre Lambanyi et Kobayah, aux heures de pointe, le matin et le soir, et en dites-moi des maux. Je parie que vous ne vous y prendriez pas deux fois. C’est franchement affreux.
De Sonfonia à Kagbélen, la situation est pire. Comme elle l’est en d’autres coins du bled tels que Madina, Gbessia, Cosa, Matoto, Entag. Excusez du peu ! Comme l’eau, l’électricité et l’assainissement, l’embouteillage est dorénavant une problématique urbaine majeure. Qui commence à étouffer, asphyxier la ville et ses habitants lors de quelques événements tels que les visites d’Etat dont les pairs du Grimpeur le gratifient par moments. Ah, oui ! Les frères adorent jubiler les uns dans les bras des autres lors de quelques moments de villégiature dont ils ne se privent point. Le Président angolais João Lourenço, venu ces jours-ci s’en payer une dans le bled de son frère Alpha Grimpeur, a exacerbé les bouchons sur l’étendue de l’agglomération. Zone urbaine et péri-urbaine en ont souffert, sans aucune distinction. Gens d’en haut en haut et pauvres hères ont galéré et bien galéré, scotchés à leur siège, durant des heures, sans bouger d’un iota. Les files de véhicules s’étiraient sur la quasi-totalité des voies urbaines trouées. Le quartier de Kipé où est bâti l’Hôtel Sheraton Grand Conakry qui a servi de résidence à l’hôte de marque du Grimpeur, a été littéralement asphyxié.
L’ouverture des rues débouchant sur la T2 et la Corniche Taouyah-Nongo a été fermée. Idem sur la route Leprince comme au niveau du rond-point Bambéto, sur l’autoroute Fidel Casse-Trop au niveau du rond-point Gbessia par exemple. Les malheureux usagers qui se sont hasardés dans ces ruelles aux heures fatidiques en ont eu pour leur temps. Il leur a été impossible durant des heures de regagner leurs domiciles et se sont, par conséquent, morfondus là longtemps. Les pauvres ont roupillé comme des gamins ou des cinglés. Le fait est que pour la plupart, ils rentraient à la maison au terme d’une laborieuse journée de travail au bureau, à l’usine, à l’atelier, au marché. Ils n’aspiraient qu’à bien prendre un repas, aller dans les bras de Morphée et dormir comme un loir. Mal leur en a pris. Le Grimpeur et son hôte de marque déposée sont passés par là, sur la T2 et la Corniche Taouyah-Nongo et annihilé leurs desideratas. Ils n’ont alors eu que leurs yeux pour pleurer et leur colère pour rouspéter et ruminer.
En absence de planification urbaine, Conakry qui a failli naguère être la perle d’Afrique de l’Ouest, risque de ne plus jamais le devenir. Le voyage du Président angolais Lourenço a permis de mesurer dans tout leur laideur les affres de la circulation dans la capitale guinée-haine dont la forme longitudinale constitue déjà à elle seule un défi à l’organisation des activités administratives et économiques dont le déroulement efficace et efficient requiert la fluidité de la circulation des hommes et des biens.
Si rien n’est fait pour améliorer significativement la circulation, Conakry sera bien être invivable. Heureusement qu’on nous a promis le Grand Conakry en 2040 ! Mais la promesse est-elle vraiment une dette dont on s’acquitte toujours, en Guinée.
Abraham Kayoko Doré