Les violations des droits des personnes vulnérables et celles basées sur le genre ne cessent de monter crescendo dans le bled. L’Etat peine cruellement à y faire face. La faute en partie à l’impunité, les pesanteurs sociales et culturelles qui font que peu de familles acceptent de dénoncer ce qui arrive à leurs proches.

C’est pour essayer d’inverser cette situation que l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme et du citoyen (OGDH) organise, à l’intention des avocats (sans vinaigrette) et des juristes, un atelier de renforcement de capacités les 12, 13 et 14 août. Cet atelier est axé sur le traitement des crimes sexuels et des violences basées sur le genre, mais aussi sur la validation du cadre juridique et institutionnel des droits de femmes en Guinée.

« Une fillette de trois ans violée et tuée à Pita ! »

Selon Souleymane Bah, prési de l’OGDH, l’objectif est « d’outiller les avocats et les juristes sur certaines notions de droits de femmes en Guinée afin de leur permettre de lutter efficacement contre les violences basées sur le genre et les crimes sexuels en particulier. Depuis un certain temps, il y a énormément de violences contre les femmes. Nous le vivons tous. Nous avons vu une fillette de trois ans qui a été violée et tuée à Pita. Des fillettes de deux ans subissent des agressions sexuelles. C’est une préoccupation parce que c’est devenu récurent. Il faut commencer à combattre ce genre de comportement ».

Pendant ces trois jours d’activités, des thèmes tels que les concepts fondamentaux sur le genre et les violences basées sur le genre, le cadre juridique et institutionnel de lutte contre les VBG en Guinée, l’assistance juridique et judiciaire aux victimes, le rôle et la place de la médecine légale dans la lutte contre les VBG, la corrélation entre les conclusions médico-légales et les décisions de justice, l’assistance psychosociale aux femmes et filles victimes et témoins ou encore les lignes directrices pour lutter contre les violences sexuelles et leurs conséquences en Afrique.

« Faire reculer l’impunité »

Pour maître Halimatou Camara, avocate, ces ateliers seuls ne suffisent pas : « Un tel atelier permet de renforcer les capacités des juristes sur les textes de lois, mais également sur l’accompagnement spécifique dont doivent bénéficier les avocats dans la prise en charge de ce dossier. Mais ce n’est pas seulement les ateliers qui feront bouger les lignes. Il faut qu’on pense à des ateliers où il y aura l’ensemble des acteurs qui interviennent sur toute la chaine pénale, les magistrats, parce que c’est eux qui rendent les décisions, et tous les autres. Mais c’est un début pour faire reculer cette impunité ».

Alvine Temfack du Haut-commissariat des Nations-Unies aux Droit de l’Homme d’ajouter : « Nous avons constaté que les infractions liées aux VBG sont marquées par une sorte d’impunité. Ce qui exige que les différents acteurs de la chaine pénale soient particulièrement formés et acquièrent des connaissances adaptées dans ce domaine-là ».

L’OGDH organise cet atelier en collaboration avec l’ambassade de France en Guinée et le Haut-commissariat des Nations-Unies aux Droit de l’Homme.

Yacine Diallo