C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès du camarade de longue date et militant des droits de l’homme, le 5 Août 2021 :vétéran socialiste, Tonton Jammes Soumah est né en le 31 juillet 1931 en Guinée. Titulaire d’une Licence en Droit et d’un diplôme de science criminelle, il fut Secrétaire d’Etat aux affaires sociales à l’accession de la République de Guinée à la souveraineté nationale. Il quitta ses fonctions en 1962 en raison de profonds désaccords avec le Chef de l’Etat d’alors, Ahmed Sékou Touré.
Il se lança alors en mars 2007 dans la création de la Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme et du citoyen, fédération de France au sein de laquelle il a poursuivi son combat jusqu’à son dernier souffle pour l’accès aux droits, aux libertés fondamentales en Guinée.
Il y a encore un mois, alors qu’il sortait de l’hôpital, il me disait : « Ma fille, je sais que tu es très déçue par ce qui se passe en Guinée. Tu fais tes affaires, c’est bien, mais ne t’éloigne pas de ton pays. Tu dois continuer le combat, tu ne le sais pas encore, ou te sous-estimes tu ? Mais fais moi confiance, la Guinée aura un jour besoin de toi. Ton père avant de partir, t’avait demandé de ne pas te détourner de ton pays. À mon tour, je te le demande, promets-le moi ».
Militant du Parti Socialiste depuis plus de trente ans, il est ancien élu de la ville de Drancy où il a été Conseiller municipal et adjoint au maire chargé des personnes âgées.
Très respecté de la communauté guinéenne de France, “le Doyen” comme on aimait l’appeler affectueusement, était de tous les combats quand il s’agissait de faire entendre la voix des Guinéens opprimés par les différents régimes.
Le 1er février 2013, il publie « LES RÉSIGNÉS DE LA RÉPUBLIQUE DE GUINÉE CONAKRY » chez :” Mon petit éditeur”, largement diffusé en France et a l’étranger et disponible sur de nombreux sites en ligne et a la FNAC.
Dans son ouvrage, il dénonce l’oppression du peuple guinéen depuis plus d’un demi-siècle : « Le peuple guinéen est assommé par les pratiques politiques inacceptables qui font le confort du parti au pouvoir au prix de sacrifices humains. Comment un peuple comme le nôtre, qui fut le socle de la fierté de toute l’Afrique de l’Ouest, accepte l’inadmissible ? Les résignés de notre pays ne devraient-ils pas méditer sur ce qui se passe dans l’ensemble des pays qui entourent la Guinée en terme de luttes pour le respect des droits humains ? Le combat de notre organisation, c’est l’instauration d’une vie politique sereine avec celui de la fraternité pour tous les résignés d’aujourd’hui. »
Mettre fin à la résignation de notre pays, c’est le sens de la lutte que la Ligue Guinéenne des Droits de l’Homme et du Citoyen, Fédération de France, de James Soumah mène depuis cinquante ans. Nous nous souviendrons de lui comme un homme bon, espiègle, joyeux, pour sa soif passionnée de justice sociale, sa dignité, son humilité, son franc-parler, ses écrits courageux. Toute sa vie, Jammes Soumah a joint le geste à la parole pour sauvegarder les droits de la personne, la paix et les valeurs démocratiques dans son CHER PAYS, La Guinée.
Avec son décès, ce n’est pas un homme mais une époque entière qui s’éteint. Cependant, son mouvement et ses idées lui survivront.
J’ai eu le grand honneur et le grand privilège de rencontrer et de discuter très régulièrement avec le Doyen. Il y a encore un mois, il m’appelait au moins deux à trois fois par semaine, pour prendre de mes nouvelles et de celles de ma famille.
Je perds à nouveau un ami, un conseiller, un père …. Nous te pleurons mon très cher tonton Jammes, mais tu n’aurais pas aimé nous voir nous lamenter. Tu étais ainsi, un homme avec une joie de vivre communicative, et comme tu me l’as toujours dit, la lumière c’est dans pas très longtemps. Alors espérons, espérons !!
Jammes Soumah avait deux patries : la Guinée sa patrie de cœur et la France, celle d’adoption. Comme il le souhaitait, il sera inhumé avec les drapeaux des deux pays.
Nos sincères condoléances à sa famille, ses proches, ses frères et ses sœurs, ses partenaires et ses collègues et ses très chers amis de longue date, qui ont toujours été présents pour lui.
Marie Madeleine Dioubaté