Les organisations syndicales se déchirent autour de cette histoire de prélèvement de 5% du salaire indiciaire des agents de l’Etat et de 2% de la pension des retraités. Alors qu’il était censé se mettre aux cotés de l’inter-centrale CNTG-USTG pour convaincre les bouffe-la-craie d’accepter la mesure, le SLECG (Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée) s’est finalement rétracté. Il appelle les gens-saignants à ne pas se recenser.

Aboubacar Soumah, bouillant secrétaire gênant du SLECG, était convaincu, en apposant sa signature sur un protocole d’accord instituant un prélèvement de 5% du salaire des fonctionnaires pour l’Institut national de l’assurance obligatoire (INAMO) et de 2% de l’argent des retraités pour la Caisse de prévoyance sociale, qu’il aidait ses membres à avoir une couverture sanitaire de qualité. Mais il se rend à l’évidence qu’en cette période de vaches maigres (augmentation du prix du car-brûlant, notamment), sa base ne partage pas son avis. Le SLECG veut que le goubernement diffère l’application de cet accord, le temps, selon lui, pour les gens-saignants de digérer l’augmentation des prix des produits pétroliers et par ricochet, la flambée des prix des produits de première nécessité. Le SLECG veut surtout une augmentation du salaire indiciaire des agents de l’Etat, avant tout prélèvement : «Nous avons dit que le moment n‘est pas opportun pour faire un prélèvement, parce que les conditions de vie du fonctionnaire guinéen laissent à désirer. Le prix du carburant est à la hausse, les prix des denrées ont flambé, la location est chère. L’Etat devrait attendre un peu, pour procéder à ce prélèvement et continuer à sensibiliser les travailleurs jusqu’à ce que tout le monde adhère au principe. Le contenu du document de la CNTG et de l’USTG ne nous engage pas. Nous voulons d’abord des mesures d’accompagnement et l’augmentation de nos salaires. C’est ce qui peut nous aider à nous acquitter de nos cotisations», fulmine Adrien Gbamy, chargé de com. du SLECG.

Selon lui, les responsables de la centrale syndicale ne peuvent pas continuer à soutenir le processus sans mesures d’accompagnement : «Nous n’allons pas continuer à sensibiliser les enseignants à ce qu’ils acceptent de s’engager pour le prélèvement. Nous leur disons de ne pas accepter le recensement par les deux institutions».

Il tacle Amadou Diallo, leader de la CNTG et Abdoulaye Camara  de l’USTG: «Ils nous ont invités, mais ils n’ont pas attendu qu’on vienne donner notre avis sur le contenu du document qui devait être lu devant les médias. Nous avons compris que la CNTG et l’USTG d’Abdoulaye Camara ne voulaient pas qu’on soit de la partie. C’est un sabotage, parce que nous n’avons pas eu accès au document. Nous n’assumons pas leur communication. Nous leur avions dit dès le début qu’il faut une augmentation avant le prélèvement. Amadou Diallo nous a dit qu’il y aura augmentation. Mais puisqu’ils n’ont pas répondu à nos attentes, nous ne pouvons pas adhérer ».

Yacine Diallo