Déclarée contaminée par la Salmonella Enterica, Sérotypes Typhimurium, en provenance de la Pologne depuis le 30 juin passé, la viande de dinde est désormais propre à la consommation en Guinée. L’annonce a été faite par la ministre du Commerce, Mariam Camara, dans un communiqué du 20 août, suite à la mise à disposition des résultats des analyses effectuées au sein du laboratoire de l’Office National de Contrôle Qualité, ONCQ, mais aussi au sein d’un laboratoire de Dakar (Sénégal).
Sauf que Dr Ibrahima Diari Diallo, Ph D en Science des aliments et Consultant équation-qualité remet en cause ces opérations. C’est du moins ce qu’il a fait savoir ce 24 août, dans l’émission Mirador de FIM FM. Selon lui, certes les résultats des analyses réalisées par l’ONCQ sous entendent qu’il n’y a aucune trace de salmonelle dans la viande de dinde importée de la Pologne, mais les analyses qui ont été effectuée n’étaient pas du tout juste. «Ce n’est pas parce que cette viande a été cuite et que le micro-organisme est tué que le produit est toujours propre à la consommation. Ce que les gens doivent savoir, il y a de ces bactéries qui peuvent déposer leur toxine à l’intérieur du produit et comme cela, même si tu tues la bactérie elle-même, la toxine, elle, elle résiste à une température supérieure ou égale à 100°. Et la toxine est plus dangereuse que même les actions invasives de la bactérie», fait remarquer Dr Diari.
Selon lui, pour savoir si on peut se fier aux résultats de l’UE ou au laboratoire concorde qualité, il faut partir de trois éléments. «D’abord, le prélèvement. Est-ce qu’il n’y a pas eu de faux prélèvements au niveau de la Guinée ? C’est dire qu’on peut se tromper sur la cible ; Est-ce que c’est la cargaison incriminée ? Est-ce que ce sur les lots incriminés que le laboratoire contrôle qualité a effectué le prélèvement ? A mon avis, non ! Deuxièmement, les exigences légales et règlementaires vous disent que les prélèvements se font au niveau des postes frontaliers. Mais vous, vous partez au près d’une entreprise qui vend un produit, vous faites des prélèvements. A mon avis, cela ne passe pas aussi. Et troisièmement, c’est le délai. En termes de délai, l’UE a fait deux semaines : du jour du prélèvement jusqu’à la date de la publication des résultats. Et en Guinée, on fait trois mois, cinq jours. Entre les deux, qui a respecté les exigences légales et réglementaires ? A mon avis, c’est l’UE. Et en termes de compétences, l’autre est accrédité, le nôtre, non».
Est-ce que sur la base des documents envoyés par l’UE, les associations des consommateurs en Guinée et même de la sous-région peuvent se constituer aujourd’hui et les attaquer en justice ? Dr Diallo répond : «Oui, c’est possible de les attaquer, mais à mon avis, ce n’est pas seulement ces entreprises qu’il faut attaquer, parce que de l’autre côté, l’Etat guinéen ne fait pas son travail. Le contrôle de qualité devrait se faire au niveau des postes frontaliers, mais quelque part l’Etat n’a pas outillé ses structures de contrôle de qualité, pour pouvoir réaliser ces opérations d’analyses au niveau des postes frontaliers».
Dr Diari Diallo ne voudrait pas être en mal avec les autorités en la matière, il demande néanmoins aux consommateurs d’être vigilants et exigeants. «S’ils peuvent prendre un temps de repos à la consommation de cette catégorie de viande, ça serait très intéressant de protéger leur santé et celle de leur famille».
Aux consommateurs, il leur propose de constituer un bloc, pour faire appel à des analyses de laboratoire de contrôle de qualité digne de nom. «Parce que les analyses de contrôle de qualité peuvent être révoquées et même être attaquées en justice, selon les exigences légales et réglementaires. Et en parlant de qualité, c’est aussi les textes. Il nous faut un laboratoire blanc, pour refaire les analyses. Normalement, on devrait passer à cette étape là, mais certainement les prélèvements de contrôle ont dû réaliser peut-être un faux prélèvement. L’autre aspect, c’est que certainement on avait déjà fini de consommer le produit avant de faire ces prélèvements-là. Donc, ce n’est pas du tout le produit que l’UE a incriminé qui a été analysé», soutient-il. Et la polémique enfle.
Kadiatou Diallo