Alpha Grimpeur et son régime, c’est désormais de l’histoire ancienne. C’est comme un vent de libération qui souffle sur le bled depuis le 5 septembre. Avec les concertations initiées par la junte militaire au pouvoir, les langues se délient, et des fois de façon la plus surprenante. Le 22 septembre, le colonel Mamadi Doumbouya, nouvel homme fort du bled, a conféré notamment avec les magistrats de Guinée. L’épisode a marqué l’opinion. Les magistrats ont admis sans gêne la caporalisation de la justice par l’ancien régime. Ils ont rejeté tous les maux qui gangrènent la justice sur le Grimpeur et son goubernement. Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire du juge Charles Alphonse Wright, prési du tribunal de première instance de Dubréka.
Connu pour ses sentences et prises de position osées du temps de l’Alphagouvernance, Charles Wright dénonce une violation du serment de magistrat de la part de ceux qui se sont confessés : «Admettre avoir subi la pression de l’exécutif au point de reculer face à sa responsabilité professionnelle est un aveu de la violation du serment du magistrat. Par conséquent, un tel magistrat ne mérite pas de rendre la justice au nom du peuple devant lequel il a prêté serment de n’être soumis qu’à la seule autorité de la loi. Dans le cas contraire, il orientera très mal la boussole de la justice vers une destination d’injustice institutionnelle.»
Il demande à la junte de faire attention : «Après la transition, il sera capable de trouver d’autres justificatifs en soutenant que les autorités l’ont dérouté à nouveau face à sa responsabilité. Il n’y a pas d’homme providentiel. Cependant, le magistrat doit être un sacrifice pour son peuple et non sacrifier son peuple. Nul ne peut réussir seul, chacun doit se repentir selon le degré de sa faute tout en s’engageant au-delà des mots, à ne pas abandonner son serment au prix de sa vie.»
Charles Alphonse Wright, c’est ce juge qui a osé libérer Oumar Sylla alias Foniké Menguè, responsable des antennes et de la mobilisation du FNDC au plus fort de la lutte contre le 3e mandat. C’est lui également qui a émis un mandat d’arrêt contre le patron de la Direction de la Police Judiciaire, Aboubacar Fabou Camara, Mohamed Lamine Simakan de la BRI. Il a aussi condamné le militant du RPG arc-en-ciel, Ousmane Gnelloy Diallo qui s’était spécialisé dans les insultes sur les réseaux sociaux.
Yacine Diallo