Depuis le mardi 30 août, les nounous de la banlieue de Kamsar, précisément des quartiers Filima et Kaeinghissa sont dans la rue. Vêtues de t-shirts et de foulards rouges, elles réclament le retour du courant mercenaire d’EDG (Electricité de Guinée) dans leurs foyers, comme dans les quartiers Carrière et Cité. La fourniture de l’électricité par rotation entre les quartiers s’est interrompue à Filima et Kaeinghissa. Jusque-là, aucune explication officielle n’a été donnée aux habitants. Entre chants et danses Baga et Landouma, les manifestantes sont catégoriques : «Nous ne quitterons pas la rue tant que le courant ne revient pas dans nos ménages». Qu’il pleuve qu’il vente, elles ne voudraient pas abdiquer, jusqu’au retour du courant dans leurs ménages.
La manif a paralysé toutes les activités socioéconomiques de la localité. Des barrages sont érigés tout au long des routes et des voies ferrées des compagnies minières GAC et CBG. Les nounous déplorent l’obscurité dans laquelle elles vivent, malgré la présence de plusieurs sociétés minières dans leur localité. Leurs ménages sont sans électricité, jour et nuit, affirment-elles, mais elles ne veulent plus se laisser faire. «Nous sommes là depuis mardi matin pour réclamer le retour du courant électrique, mais ni les autorités de Kamsar ni celles de Boké n’ont essayé de nous rencontrer. Même si cela fait des jours, des semaines, des mois ou des années, nous continuerons cette manifestation, parce que les habitants du quartier Carrière et ceux du quartier Cité ne nous dépassent en rien. Nous sommes tous de Kamsar, pourquoi eux ils ont le courant chaque jour, mais nous, on ne l’a presque pas. Parfois même ce courant qu’ils nous amènent ne nous sert à rien, il ne charge pas un téléphone à plus forte raison tenir nos réfrigérateurs», s’insurge une manifestante qui se fait appeler Salématou Baga.
Dans la soirée du mercredi 31 août, plus de 4 pick-up de policières de la CMIS (Compagnie mobile d’intervention et de sécurité), venues de Cona-cris en renfort ont été déployées à Kamsar, pour ramener le calme et sécuriser les citoyens et leurs biens. Les manifestantes n’en ont cure : «Plusieurs policières ont été envoyées, pour canaliser notre manifestation, mais je vous assure que nous ne sommes pas là pour faire du mal à qui que ce soit, nous sommes là pour réclamer le courant. Nous n’avons aucun objet qui peut nuire à la vie ou aux biens d’une personne. On chante, on danse tout en bloquant le passage des trains de la GAC et de la CBG, afin d’attirer l’attention des autorités. D’ailleurs nous exigeons que nos autorités soient changées, parce que nous avons compris que ce sont des gens qui n’aiment pas leurs citoyens. Sinon, cela fait aujourd’hui trois jours que nous dormons ici, nous préparons ici, sous la pluie ou sous le soleil, pour réclamer le courant», lance dame Salématou Baga.
Ce qu’en dit EDG ?
Selon une source proche d’EDG-Kamsar qui a requis l’anonymat, ces nounous seraient en train de prêcher dans le désert. «Je peux vous assurer que la réclamation des manifestantes ne peut pas être satisfaite à 100%, pour le moment. Parce que la centrale qui alimente Filima et Kaeinghissa est en panne. Il faut qu’elle soit remplacée par une nouvelle, sinon les zones-là seront toujours en manque d’électricité. C’est pourquoi d’ailleurs, les deux quartiers n’ont le courant que deux ou trois jours dans la semaine», contrairement aux quartiers Carrière et Cité où les habitants ont la denrée rare chaque jour, de 18 heures à 7 heures.
Au moment où nous mettions en ligne, les autorités de Boké (Gouverneur et préfet) sont arrivées à Kamsar, pour tenter une médiation. Et comme par hasard, leur arrivée coïncide avec une nouvelle exigence des manifestantes qui réclament désormais l’électricité 24h sur 24. Ça commence bien, non ?
Kadiatou Diallo