Le jeudi 1er octobre 2020, une délégation internationale composée des ministres des Affaires étrangères du Ghana, du Niger, du Burkina Faso, du prési de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, d’Ibn Chambas, alors Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies et Chef de Bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et Cessouma Minata Samate, Commissaire aux Affaires politiques de l’Union africaine, avait rencontré les acteurs socio-politiques guinéens. Les émissaires cherchaient à décrisper l’atmosphère politique guinéenne pour la tenue « tranquille » de la présidentielle qui a permis à Alpha Grimpeur de s’offrir un 3è mandat inconstitutionnel de 6 ans, mais stoppé net le 5 septembre dernier.

Pourtant le Coordinateur du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), Abdourahmane Sano, avait profité de l’occasion, pour réitérer sa position contre le 3è mandat du Prési Grimpeur. Si les émissaires de la CEDEAO, de l’UA et des Nations Unies lui avaient écouté, peut-être que ce coup d’élcat du Colonel Doumoubouya M’a dit des Forces spéciales ne serait pas arrivé. Doux-rat Sano s’était principalement adressé aux représentants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ses quelques extraits de son intervention avaient été livrés par notre con(.)frère guineenews.org, dans sa publication du samedi, 3 octobre 2020. Bon souvenir !

«Nous sommes conscients que cette élection est nécessaire et qu’elle est programmée à une date légale. Mais nous avons aussi conscience du fait que cette élection qui est programmée pour le 18 octobre milite du blanchiment d’un coup d’Etat. Un coup d’Etat civil. Vous comprendrez que nous serons très étonnés que les institutions que vous représentez ici aujourd’hui au mépris de vos lois et propres principes et règles, fassent comme si la tragédie que la Guinée traverse depuis que M. Alpha Condé a entrepris de faire le coup d’Etat pour se maintenir au pouvoir à vie, ne fait pas davantage de résonnance au niveau des partenaires naturels de la Guinée qui constituent par ailleurs des institutions de recours », avait entamé Abdourahmane Sano.

« Il ne s’agit pas d’une crise électorale. Il ne faut pas qu’on ramène le problème de la Guinée à une crise électorale. Sinon, encore une fois, notre précieuse institution prendra la responsabilité de répéter l’expérience malienne encore très fraiche dans les esprits. Au moment où on devrait prendre le problème malien à bras le corps, on a favorisé le syndicalisme présidentiel au mépris des aspirations du peuple. Cela nous a conduits à une situation qui a provoqué l’irruption de l’armée pour abréger la souffrance des populations », avait alerté Sano.

« Si aujourd’hui cette réunion avait été organisée rien que par la commission de la CEDEAO, le FNDC ne serait pas dans cette salle. Parce qu’en nous réjouissant de votre présence ici, nous avons la certitude que la commission [de la CEDEAO] n’a pas suffisamment relayé nos cris de cœur et les cris de cœur du peuple de Guinée pour qu’il y ait une mobilisation rapide comme ça a été fait au Mali pour éviter 93 morts, pour éviter des centaines de blessés, pour éviter des dégâts matériels, pour éviter les kidnappings que nous avons connus ici, les atteintes des droits de l’homme au vu et au su de tous. Non seulement aucun de nos courriers n’a eu le mérite d’un minimum de réponse, mais le peuple de Guinée a été pris au mépris. Même nos démarches au niveau de la Cour de justice de la CEDEAO n’ont  pas eu d’échos. Si vous prenez la responsabilité de ramener la crise de la Guinée à une question électorale, vous endosserez la responsabilité d’un coup d’Etat en Guinée, puis d’un autre embargo contre le peuple de Guinée, parce que l’injustice provoque toujours les frustrations. Et les frustrations conduisent toujours à des réactions. Notre action est pacifique et nous ne sortirons jamais de cette logique de paix. Mais nous refuserons de vendre notre dignité devant une dictature quelle qu’elle soit, devant la violence quelle qu’elle soit », avait averti le leader du Fndc.

« Nous nous battons pour défendre les acquis d’un engagement de la CEDEAO auprès de la Guinée en 2010. Et toute la communauté internationale s’est mobilisée auprès de la CEDEAO pour que la Guinée sorte de crise avec une Constitution qui a été l’émanation d’une négociation par tous sous les auspices de la CEDEAO. On est gênés que cette institution qui était notre fierté et qui continue encore à demeurer notre espoir considère que cette Constitution n’en vaut pas la peine au nom d’une souveraineté qui devrait laisser la place aux engagements dans le cadre des accords, protocoles et des conventions que nous avons signés aussi bien au sein de la CEDEAO que de l’Union européenne, mais aussi au niveau des Nations unies. Nous voudrions qu’on fasse l’arbitrage entre ces engagements internationaux et cette souveraineté-là », avait plaidé Abdourahamane Sano.

 « Si on avait aidé le président IBK à prendre les cris de cœur du peuple malien en compte, peut-être que c’est le Premier ministre et le gouvernement qui seraient sacrifiés, mais le président serait en place et le Mali n’aurait pas connu les problèmes qu’il est en train de vivre. Mais on a fait comme si le peuple n’existait pas.  Partout où vous les aidez, attendez-vous à un coup d’Etat. On préfère vous dire très sincèrement, très fraternellement, très respectueusement et clairement que cette situation serait pratiquement la règle ».

« Partout où les chefs d’Etat vont confisquer le pouvoir en trichant avec la démocratie, il y aura coup d’Etat. Et pour nous, il n’y a pas un coup d’Etat plus qu’un autre. Les chefs d’Etat ne peuvent pas dire qu’on ne peut plus accepter des coups d’Etat des militaires dans l’espace CEDEAO et eux se livrer à des coups d’Etat que la CEDEAO va valider. Les peuples n’accepteront pas cela, mais nous comprenons l’embarras de la CEDEAO. On comprendra l’embarras de la communauté internationale. Et on voudrait qu’avec les peuples, on se donne les mains pour qu’il y ait plus de justice et qu’on assume nos principes, qu’on honore les engagements en faisant en sorte qu’on tranche entre coups d’Etat qu’ils soient civils ou militaires. Est-ce qu’un coup d’Etat militaire, c’est ce qu’on ne veut pas ? Qu’on le dise clairement dans les textes. Ou si on ne veut pas de coup d’Etat, qu’on sache qu’un coup d’Etat civil est égal à un coup d’Etat militaire. Si vous acceptez d’entériner le coup d’Etat, tant mieux. Mais l’élection-là ne règlera pas les problèmes. Elle ne fera que différer la crise, parce que cette crise n’a rien à avoir avec l’élection présidentielle. Le peuple de Guinée ne collaborera pas au coup d’Etat que M. Alpha Condé veut imposer et que la CEDEAO, à travers la commission, n’a pas eu suffisamment le courage de déclarer », avait insisté Sano.

« C’est en cela que je vais saluer la prise de position récente du président Buhari (Muhammad Buhari, président Nigeria, nldr) et saluer le président de Guinée-Bissau (Umaro Sissoco Embalo, ndlr) qui reconnaît qu’un coup d’Etat est toujours un coup d’Etat. Donc, on vous renvoie la question suivante : Est-ce que vos textes sont contre les coups d’Etat militaires ou c’est contre tous les coups d’Etat ? Est-ce que pour vous, la Constitution que vous avez parrainée en 2010 n’en n’est plus une ? Est-ce que vous choisissez que la Constitution qui a été falsifiée au mépris du vote supposé des Guinéens est valable ? Est-ce que vous acceptez que la Cour constitutionnelle nous dise que la loi électorale est au-dessus des dispositions constitutionnelles par rapport à la nouvelle Constitution qui semble avoir été imposée et donc la loi électorale est au-dessus de la Constitution ? Vous consentez à tout cela ?

« Si c’est au nom de tout cela que vous envoyez vos 500 mille dollars, pour soutenir cette élection-là, ne comptez pas sur le FNDC pour s’engager à cela, parce que le FNDC est avec le peuple et nous ne trahirons plus jamais notre engagement au nom du peuple. »

In guineenews.org