Le 5 septembre, le populo s’est réveillé avec un nouvel homme fort à la tête du bled. Alpha Grimpeur, renversé, est coffré au siège du Groupement des Forces spéciales par le Comité national du rassemblement et du développement, CNRD. Le colonel Mamady Doumbouya, dès sa prise du pouvoir, a affiché sa volonté de remettre la Guinée sur «le droit chemin», mettant ainsi fin au despotisme, au clanisme, à la corruption, à la délinquance économique, à l’inclusion, à l’instrumentation de la justice. Excusez du peu !

Le patron des Forces spéciales a ouvert des consultations avec les Forces vives de la nation, hier mardi 14 septembre au Palais du peuple. Devant les acteurs de la classe politique guinée-haine, le colonel Mamady Doumbouya n’a pas mâché ses mots devant les élites civile et militaire qui se perpétuent dans les instances de prise de décision depuis 1958. Selon lui, sa «démarche ne signifie pas que la porte est ouverte à toutes les confusions, à toutes les basses pratiques politiciennes. Nous n’accepterons aucun débordement, aucun désordre dans les débats. Nous n’accepterons pas de commettre les mêmes erreurs que nos aînés. Vous ne devez pas ignorer, oublier que si nous en sommes, en 2021, à vouloir tout reprendre, à refaire notre pays, c’est en grande partie parce que nous de l’armée, les élites, les politiques, avons échoué depuis des années. Nous avons toujours mis devant l’intérêt individuel au détriment de celui de la Nation, l’intérêt commun et du peuple de Guinée. Cette fois, ça ne se reproduira plus, que cela soit su et compris».

Laye M’a-dit a notamment décoché des flèches contre les anciens ministres et premiers ministres : «Parmi nous, la plupart était des ministres, premiers ministres, hauts cadres, alors que la plupart des victimes des dernières années n’étaient même pas encore nées. Nous devons en prendre conscience. Nous avons pris nos responsabilités, vous devez prendre les vôtres». Le Prési du CNRD met clairement en garde la classe politique contre tout agenda caché : «Nous ne tolérerons aucun calendrier, aucun agenda politique individuel dans cette démarche. Nous ne tolérerons aucune exclusion, aucun calcul politique individuel ou partisan. Nous ne tolérerons aucune stratégie partisane. Que cela soit clair pour chacun et pour tous ! Le seul calendrier qui vaille, c’est celui du peuple de Guinée qui a tant souffert. Nous vous prions de bien vouloir en tenir compte dans vos réflexions et propositions».

N’empêche, la plupart des leaders politiques ont apprécié le discours du «grand chef».

Yacine Diallo