Les adversaires (politiques ou de la société civile) d’Alpha Condé sont sortis divisés et affaiblis de la lutte contre le changement constitutionnel en Guinée. Parviendront-ils à se réunifier ?
Présents (Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Faya Millimouno…) ou absents, à l’instar de Lansana Kouyaté, les principaux leaders de l’opposition s’étaient mis d’accord pour s’opposer au changement de la Constitution du 7 mai 2010 et à un troisième mandat d’Alpha Condé. Défaits, ils ont divergé sur la participation ou le boycott de la présidentielle du 18 octobre dernier. Parmi les ténors de l’opposition, seul l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo a cru possible d’atteindre l’objectif du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) de déloger Alpha Condé de Sékhoutouréya par une victoire dans les urnes. La rue ayant montré ses limites. Un leurre, avaient estimé les autres. Pire, une trahison ; L’incohérence d’aller à une compétition électorale régie par une nouvelle Constitution contestée, combattue.
Décomposition de l’opposition
Depuis, c’est le divorce. Après la déroute électorale, sans surprise, Cellou Dalein Diallo et ses alliés de la présidentielle et de l’ANAD (Alliance nationale pour l’alternance démocratique) forment un bloc. Les arrestations et les emprisonnements dans ses rangs se multiplient. Tout comme dans les rangs du FNDC. Les plus chanceux, comme Sékou Koundouno, Ibrahima Diallo et Sidya Touré parviennent à s’enfuir à temps. Alors que le plus prudent, Lansana Kouyaté, s’est toujours opposé depuis l’extérieur. Comme autrefois, Alpha Condé.
Face à cette déroute des adversaires du troisième mandat, d’autres partis se sont regroupés en alliance de moindre envergure au lieu de former des grands ensembles. Autour de Mamadou Sylla, un chef de file de l’opposition désavoué issu d’un scrutin législatif du 22 mars 2020 boycotté, s’est formée, le 9 juin, la Convergence pour la renaissance de la démocratie en Guinée (Corede). Le 24 juin, c’est au au tour du leader du Parti des démocrates pour l’espoir (Pades), Ousmane Kaba, de lancer la Coalition pour le progrès et la démocratie (Coped).
Approché par les deux coalitions, Faya Millimouno a décliné leur offre, déplorant que la démarche d’union ne soit pas allée plus loin. « Nous avons suggéré aux uns et aux autres de former une coalition unique », confiait récemment le leader du Bloc libéral. Faute d’obtenir gain de cause, le parti s’est replié sur sa propre alliance : la Coalition politique pour la rupture (CPR), créée en août 2015 et à laquelle le parti est affilié depuis sa création.
Lueur d’espoir ?
Ces derniers jours, on parle d’un possible rapprochement entre les anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo, Lansana Conté et Sidya Touré. Le trio est rejoint par leur cadet politique Aliou Bah, président du Mouvement démocratique libéral (MODEL). Le quatuor entendrait unir ses forces pour peser plus lourd face au régime Condé. Un bon coup pour le leader de l’UFDG que le pouvoir tient en permanence à isoler. Toutefois, la future alliance gagnerait beaucoup en s’élargissant aux autres partis de l’opposition. Ce qui est moins probable, eu égard aux guerres d’égos qui minent l’opposition. Y compris entre le trio de Premiers ministres. Depuis 2010, plusieurs tentatives d’unification ont fait long feu. A bien regarder dans le rétroviseur, on est tenté de dire qu’il n’y a rien de nouveau sous les cieux de l’opposition politique guinéenne.
Diawo Labboyah Barry