Le 7 septembre, Etienne Soropogui, prisonnier politique depuis 10 mois, a recouvré sa liberté, suite au renversement du régime d’Alpha Condé le 5 septembre. Le 13 septembre, l’ex pensionnaire de la Maison centrale rappelle les peines qu’il a endurées. Etienne Soropogui était sur FIM FM : «Pendant que j’étais en prison, je me permettais quelques évasions intellectuelles, pour essayer de sortir de cette forte terreur. Cela m’a permis de rester dans cet environnement rigoureux où tous les jours, on fait face à des affronts multiples des mesquineries, naturellement qui ont pour sens, de détériorer l’état de santé».
Pour lui, une personne qui sort de la prison n’est pas équilibrée : «Quand on sort de la prison, on laisse une partie de soi là-bas. Le défi qu’on peut avoir, c’est de travailler pour ramener la partie qu’on a laissée vers soi, pour restaurer définitivement son équilibre. Aujourd’hui, l’important pour moi est de rendre grâce à Dieu, qui nous a permis de tenir les difficultés pendant que nous étions en prison».
Il rappelle que tout avait été fait au sein du FNDC pour dissuader Alpha Condé, de ne pas briguer un troisième mandat, mais il n’a pas compris : «Nous avons d’abord travaillé pour expliquer au Président Alpha Condé et à toutes les personnes qui l’entouraient qu’il n’était pas une bonne idée de trahir nos fondamentaux, notamment la Constitution de 2010. Quand nous avons estimé que le message que nous avons envoyé n’était pas entendu, nous avons engagé une autre démarche : celle d’aller aux élections, afin d’obtenir l’alternance. Malheureusement, il y a eu un hold-up. Il a été mis une forme d’invention des résultats des élections…».
Dans quelles circonstances a-t-il a appris le coup d’Etat ? « Naturellement, nous avons été surpris du coup d’Etat, j’étais au lit de l’infirmerie de la Maison centrale quand les coups de feu ont commencé à retentir. Mes codétenus m’ont réveillé pour me dire : attention, il y a des coups de feu. Au début nous avons eu l’impression que cela se passait aux alentours de la prison, parce qu’ils étaient assez nourris. Toute la prison a été barricadée, notre cellule qui était ouverte, a été fermée. Quand j’ai appris que le Président a été renversé, j’étais vraiment désolé, parce que ce n’est pas ce qu’on veut pour notre pays (…) Nous qui avons tenté de dissuader Alpha Condé, nous étions ses amis et ceux qui l’ont encouragé étaient ses ennemis. Il était un adversaire politique, mais nous avions eu du respect pour le combat qu’il a mené pour la démocratie. C’est dommage qu’il sorte par le toit du Palais. Cela doit nous amener, nous de la classe politique, à une prise de conscience pour que l’intérêt de notre pays soit au-dessus de tout ».
Baïlo Diallo