La situation commence à se décanter pour certains détenus politiques. Le colonel Mamady Doumbouya, le nouvel homme fort de Conakry, avait promis de libérer les détenus politiques. C’est désormais chose faite. Alors que la nuit a enveloppé Conakry, des détenus viennent d’être libérés à la Maison centrale de Conakry. Il s’agit notamment de Abdoulaye Bah, Ismaël Condé, Etienne Soropogui, Mamadi Condé, Kéamou Bogola Haba, Foniké Mengué, d’autres et d’autres. Leur libération intervient au terme d’une réunion entre le collectif de leurs avocats, le parquet général, le secrétariat général du ministère de la Justice et le Directeur de l’Administration pénitentiaire. Il a été convenu de libérer pour un premier temps ceux qui ont été interpellés dans le cadre de l’incendie du train minéralier à Sonfonia et ceux arrêtés dans l’affaire Ousmane Gaoual et Cie, au lendemain de la présidentielle : «Nous avons mis en place une commission restreinte à l’effet de faire la liste de ceux qui doivent être libérés. Il s’agit des personnes arrêtées en raison de leurs opinions politiques ou des personnes qui ont pris part à de mouvements de protestations…Nous nous sommes entendus sur deux listes concernant des détenus civils qui relèvent des tribunaux de Dixinn et de Mafanco. Il y a une première liste de 79 personnes et une autre qui concerne le dossier Ousmane Gaoual et autres. Pour ces deux listes, l’ordre de mise en liberté a été déjà donné par le procureur général. Ces personnes peuvent être libérées très prochainement», déclare l’avocat Maître Mohamed Traoré.

Pour ce qui est des militaires interpellés sous le régime Condé, l’ancien bâtonnier indique que les deux parties ont convenu de poursuivre les discussions mercredi matin. Histoire d’éviter toute confusion : «Comme ils sont nombreux et disséminés à travers le pays, pour ne pas prendre le risque d’en oublier quelqu’un, nous avons décidé de nous retrouver demain ou après-demain pour les recenser tous. Un appel a été lancé au procureur général de Kankan afin qu’il essaie de voir dans son ressort s’il y a des détenus. Nous n’avons pas voulu nous précipiter parce que nous nous sommes rendu compte qu’il y a beaucoup de personnes».

Certains avocats ont noté l’implication de Sidy Souleymane N’diaye,  procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn. Il s’était pourtant illustré dans les interpellations de ces détenus. Aujourd’hui, lui-même affirme que leur libération «est une bonne chose. »

Yacine Diallo