Quelle triste fin que de terminer ainsi 61 années (dont 50 ans comme opposant et 11 ans en tant que président de la République) de carrière politique ? Alpha Grimpeur justifiait sa longue quête du pouvoir par sa soif de démocratie et de changement. Un demi-siècle durant, il s’est battu contre les régimes dictatoriaux de Sékou Tyran et de Fory Coco.
En décembre 2010, il hérite finalement du fauteuil présidentiel que lui cède un militaire, le général El Tigre Konaté. Tout le monde se félicite d’un retour historique du pouvoir civil, après les 24 années de Fory Coco qu’Alpha Grimpeur promettait d’effacer de l’histoire politique nationale, en prenant « la Guinée là où Sékou Touré l’a laissée », le 26 mars 1984.
Le dimanche 5 septembre, il est malheureusement contraint de rendre le pouvoir aux militaires. Pouvait-il en être autrement ? En s’entêtant à briguer un troisième mandat, à 82 ans, Alpha Grimpeur sacrifiait ainsi l’occasion historique d’être le père de l’alternance démocratique en Guinée. Il avait ainsi préféré rééditer ce qu’il a combattu toute sa vie : mourir au trône comme ses prédécesseurs. Mais le Comité national du rassemblement et du développement (CNRD) de Mamady Doum-bouillant met fin à cette ambition.
Pour sortir par la grande porte et rester dans l’Histoire, Alpha Grimpeur aurait pu organiser des élections libres et transparentes, céder le pouvoir au vainqueur. Il aurait même pu le transmette, comme au Niger, à son dauphin et ainsi permettre au RPG arc-en-ciel de se succéder à lui-même. Hélas…
Si Alpha mourait au pouvoir cinq, dix ou vingt ans après, la donne n’aurait pas changé. Plus il restait au pouvoir, plus il devenait autoritaire. Il avait entamé son troisième mandant en concentrant davantage tous les pouvoirs entre ses mains, en dépouillant notamment la Primature du Cas-Sorry Fofana. Durant ses vacances en Italie, la Guinée a tourné au ralenti pendant toute son absence. Il a conquis le pouvoir pour l’exercer seul. Tous ceux qui l’ont lorgné ont été réduits au silence. Qu’ils soient opposants ou du parti au pouvoir. Alpha n’avait pas de dauphin, à part la grande muette.
Diawo Labboyah