Malheureusement elle est la CEDEAO des États et des gouvernements, ce qui veut dire qu’elle est un syndicat des chefs d’État qui épouse l’esprit de l’âne de Buridan pour vouloir faire boire à deux autres ânes, qui sont curieusement dans la même situation et qui n’ont pas soifs.
Explications : l’âne de Buridan était presque mort de faim et de soif. Arrivé à équidistance d’un seau d’eau et d’un seau d’avoine, il se mit à tergiverser dans un dilemme mortel.
Au sommet virtuel de la CEDEAO, on a entendu parler d’un débat houleux de 7h d’horloge sur la résolution à adopter contre les putschistes guinéens, cela signifie que tous les membres de la CEDEAO ne sont pas d’accord, et que la résolution adoptée par cette majorité est négative, par conséquent.
Si la CEDEAO demande la libération inconditionnelle de notre ami Alpha Condé et d’un retour à l’état constitutionnel, qu’en fait-elle de ce hold-up électoral qui a tout fait passer par la force digne du National-socialisme qui n’a pas été pratiqué que seulement par les Nazis? Demander au retour constitutionnel en Guinée veut dire retour à la constitution tripatouillée à huis clos, en l’absence d’observateurs électoraux internationaux, à commencer par les observateurs de la CEDEAO.
On aimerait, à cet effet avoir les avis du médiateur de la CEDEAO en la personne de l’ex-président du Benin, le très respecté Nicéphore Soglo, qui était dans une mission impossible, qui n’avait pas pu obtenir l’autorisation de consulter le fichier électoral sur la base duquel ces élections ont été organisées. Doit-on souligner que pendant ces élections présidentielles et législatives couplées de 2020, les agents de sécurité avaient emporté les urnes bien avant l’heure de fermeture dans les fiefs de l’opposition pour empêcher les votes de se dérouler normalement? Tout cela se faisait sur fond de violences. On parle d’une vingtaine de mort dans un seul fief de N’Zérékoré. Au total de ces morts, le FNDC (Front National de Défense de la Constitution) dénombre 200 morts depuis le début de sa lutte contre le tripatouillage de la constitution en 2019.
Les chefs d’État qui ont voté la résolution de libérer Alpha Condé ne tient pas compte de ces crimes de sang à côté des crimes économiques qui peuvent faire tomber des nues les plus ingénues.
Cette résolution de tout absoudre de la gouvernance passée de Alpha Condé par les chefs d’état de la CEDEAO fait dire que ceux qui ont voté cette résolution font un combat d’arrière-garde pour se prémunir des nuages orageux qui sont au-dessus d’eux, et parmi ceux-là, il faut compter la majorité dans le camp Francophone. Seulement, on ne comprend pas pourquoi le président ghanéen est en tête de ceux qui veulent mettre la pression sur la junte guinéenne et aussi le Ministre des affaires étrangères du Niger, dont les pays étant des modèles de la démocratie et de la bonne gouvernance, peut-être que le colonel Mamady Doumbouya a des attaches pour ces deux pays.
Autre chose la CEDEAO doit balayer devant sa case car elle ne peut pas faire boire l’âne qui n’a pas soif. On parle déjà des troupes de Wagner qui on envie de venir s’installer dans le Sahel. On ne dit pas que cela va se faire parce que le Mali et le G5 ne vont pas prendre le risque de voir Barkhane et la MINUSMA partir, mais dans le passer la Mauritanie était sortie de la CEDEAO sans maigrir, le Maroc était aussi sorti de l’UA. Ce ne sont pas des exemples à encourager, mais personne ne fera des Maliens et des Guinéens ce qu’ils veulent être.
Aussi aucun pays en Afrique n’a connu le cheminement éprouvant des Guinéens depuis 1958. Aucun pays n’a connu la révolution pendant la guerre froide, ou tous les coups étaient permis, aucun pays n’a connu 2 putsches-charognards et voilà enfin un vrai putsch avec un chef d’État bien vivant. Pour cela la CEDEAO ne peut pas imposer un timing de 6mois. Sans laver tous les linges sales en famille cette fois-ci, sans recoudre le tissu social en lambeaux entre tous les Guinéens, c’est pour aller capoter prochainement. D’ailleurs, c’est le déchirement social qui a conduit Alpha Condé à tous les écarts enregistrés.
Enfin la CEDEAO doit respecter le libre choix et l’autodétermination des nations et des peuples, please!
Moïse Sidibé