Dans le dossier opposant Kadiatou Biro Diallo à Ousmane Gnelloy, les débats ont été finalement clos dans l’après-midi de ce jeudi 21 octobre. Les avocats du prévenu ont plaidé coupables en ce qui concerne le délit d’injures, mais ils se sont attelés non seulement à discréditer la décision rendue en première instance par le TPI de Dixinn, ils ont aussi cherché à remettre en cause l’infraction de menace collée à leur client. Pour eux, le juge qui a condamné leur client a ajouté le délit de « menace », pour pouvoir amener Ousmane Gnelloy en prison, pendant un long moment : «Ousmane Gnelloy n’a jamais menacé, il ne menace pas. Le juge de première instance a été hargneux contre notre client. Sinon, la vidéo diffusée ici a montré que notre client n’a jamais menacé la partie civile », déclare Me Mamady Doumbouya. Maitre Santiba Kouyaté de renchérir : «Cette condamnation est populiste et sensationnelle. Même si le délit d’injures était établi, la peine ne devait pas dépasser 3 mois.» Il demande à la Cour de déclarer «l’irrecevabilité de la constitution de partie civile de madame Kadiatou Biro Diallo. A aucun moment, notre client n’a prononcé le nom de la plaignante.» Il souhaite également l’infirmation partielle de la décision du TPI de Dixinn. L’avocat fonde ses arguments sur le fait, selon lui, que Ousmane Gnelloy a été injustement condamné. Me Kouyaté demande aussi à la Cour de condamner Gnelloy à une peine de prison assortie de sursis.
L’avocat de la partie civile, Me Pépé Antoine Lama, lui a plaidé la confirmation de la peine de 5 ans d’emprisonnement, prononcée en première instance. Auparavant, il a dénoncé les attaques qu’il qualifie de « non fondées », contre la décision condamnant Gnelloy en première instance : «Aujourd’hui, on s’attaque à un juge qui fait loyalement son travail. La défense s’en prend à ce juge, parce qu’elle cherche à effacer le délit de menace de mort. Cette infraction est établie, ce n’est le juge qui l’a inventé. Ma cliente a été pourchassée du Haut commandement de la gendarmerie à la devanture du Palais présidentiel. Elle a été menacée sur les réseaux sociaux après l’altercation. A moins qu’on ne partage ce que le prévenu a dit, qu’on ne vienne pas attaquer un juge qui n’a fait que son travail. Mais certains considèrent cette décision populiste, parce qu’ils épousent l’idéologie de l’insolence et la culture de l’impunité. Ils se plaisent dans la culture de la vendetta», a asséné Me Lama.
Le procureur, lui aussi estime que les délits reprochés au prévenu sont constituées : «La défense elle-même a demandé à la Cour de condamner leur client a une peine assortie de sursis. Cela veut dire qu’il y a, au moins, une infraction. Elle veut faire croire qu’il n’y a pas eu menace, il y a bien eu menace. » Me Pépé Antoine Lama a demande à la Cour de retenir Ousmane Gnelloy dans les liens de la prévention «tout en confirmant partiellement la peine. Accordez au prévenu des circonstances atténuantes, diminuez sa peine, pour qu’il puisse changer et se réintégrer la société. » L’affaire a été mise en délibéré le 28 octobre, pour décision être rendue.
Yacine Diallo