Le Nouveau sommet Afrique-France a eu lieu ce vendredi 8 octobre à l’Arena de Montpellier, en France. Près de 3 000 jeunes venus du continent et de la diaspora ont échangé avec le président français, Emmanuel Macron. Parmi eux, le Guinéen, Aliou Bah du MoDeL (Mouvement démocratique libéral), l’un des onze panélistes choisis pour porter la parole des peuples africains. Pour la première fois, aucun chef d’Etat n’a été invité au rencart.
Pour Aliou Bah, ce sommet est le sommet de la clarification de certains sujets sensibles qui cristallisent l’opinion. « Nous n’avons pas la même perception du régime démocratique. Il me semble qu’il suffit de s’adosser sur des lois, et c’est ce qui est légal, pour considérer un régime démocratique. Pourtant, nous sommes tous d’accord qu’il y a une prééminence de la légitimité sur la légalité pour que les actions portent. C’est vrai qu’il y a de nos dirigeants qui sont légitimes, beaucoup d’autres ne le sont plus. Je ne suis pas en train de vous demander de s’occuper de nos dictateurs, nous le faisons, nous continuerons à le faire. » Il a rappelé qu’il est venu de la Guinée qui vient de se débarrasser de quelqu’un qui voulait mourir au pouvoir, « je fais partie de ces jeunes qui étaient en première ligne, cela ramène de l’espoir au sein de la jeunesse ».
Aliou Bah a rappelé qu’il ne s’agit pas de demander à la France de s’occuper des problèmes internes africains, mais elle devrait refuser de collaborer et de considérer comme interlocuteur quelqu’un qui utilise des voies subversives, des tripatouillages de constitution, pour rester au pouvoir.
La France ne doit « en faire un partenaire ».
« Aussi longtemps qu’on va traiter cette question au cas par cas, comme on dit en Afrique à la tête du client, on ne s’en sortira pas. Ne voyez pas le Tchad différemment que le Mali, la Guinée, la Côte d’Ivoire sur cette question-là. Traitons-la de façon transversale. Vous vous êtes prononcé sur les droits de l’homme, nous avons des valeurs en partage, des valeurs universelles. Le droit à l’alternance représente l’oxygène de la démocratie, peut-être cela ne se réduit pas à une histoire de nombre de mandats. Vous allez peut être dire que nous sommes disposés à pouvoir gérer nos lois, définir le nombre de mandats, nous sommes d’accord, mais encore une fois, il ne s’agit pas de dire à la France d’empêcher que tel le fasse, nous le ferons nous-mêmes, mais n’en faites pas des partenaires, selon les cas, en rapport aux intérêts géopolitiques, militaire… Ce que l’Afrique ne comprend pas ».
Cette subtilité, ce deux poids deux mesures entraine la suspicion, affirme Aliou Bah, alors que les peuples africains veulent rebâtir une confiance mutuelle. Le président du MoDeL a demandé de mettre de côté tout ce qui peut entrainer le préjugé, la suspicion, les petits calculs. Certes c’est politique, dit-il, mais nous « Africains, voulons que vous vous positionnez comme un partenaire des peuples africains et non un partenaire du syndicat des dirigeants africains ». Sûr que la Macaroni a pris bonne note.
Oumar Tély Diallo