Le 20 septembre 2014, le comité exécutif de la CAF a attribué fort heureusement à notre pays l’organisation de l’édition 2023 de la CAN senior de football, après le Gabon (2017), le Cameroun (2019), et la Côte d’Ivoire (2021).
A la suite d’un glissement dans le calendrier de la CAN à cause de la pandémie du Covid-19, l’édition 2021 aura lieu en janvier 2022, au Cameroun, en 2023 en Côte d’Ivoire et celle de 2025 chez nous en Guinée. Cette épreuve continentale représente ainsi pour nous, une formidable opportunité pour transformer fondamentalement le visage du pays en matière d’infrastructures. Aussi, l’occasion est offerte aux Guinéens de prouver leur capacité et leur savoir-faire en matière d’organisation et de gestion d’une compétition de la taille de la Coupe d’Afrique.
Très en retard au plan des infrastructures sportives, par le biais de la CAN, la Guinée va résorber ce déficit dans ce domaine. Très contraignante au plan financier, cette manifestation sportive permettra au pays d’engranger les avantages suivants :
- L’amélioration des télécommunications et conséquemment la retransmission par le signal satellite ;
- Le pays sera doté d’infrastructures sportives performantes, qui après la compétition favoriseront la vulgarisation de la pratique sportive ;
- L’accroissement de la capacité d’accueil des réceptifs hôteliers, qui seront ainsi renforcés. Par ce biais, le secteur du tourisme ne fera que bénéficier des retombées de cette compétition.
- Une telle compétition suscitera automatiquement l’ouverture de nombreux chantiers, et favorisera la création d’emplois directs et indirects, avec pour conséquence la réduction substantielle du taux de chômage ; les pôles d’activités créés dans les différents sites de compétition (Boké, Kankan, Kindia, Labé, N’Zérékoré) vont réduire l’exode rural en direction de Conakry ;
- C’est enfin et surtout le crédit et l’image de marque dont la Guinée bénéficiera, qui seront renforcés, étant entendu que sur le plan international, à ce jour le sport est le meilleur support de l’image d’un pays, grâce à la couverture médiatique des manifestations sportives.
- La redynamisation de la desserte en électricité, de la capacité des structures sanitaires et le système de transport urbain et inter urbain, etc.
Argumentaire sportif
L’organisation de la CAN est une épreuve continentale, qui devrait permettre de placer une fois pour toute la Guinée sur la rampe de la performance. Cette affirmation n’est nullement gratuite, car elle tire sa justification d’un constat pertinent. En effet, au regard de l’histoire de la Coupe d’Afrique des nations de football senior, sur les douze pays africains, qui ont pris part à la coupe du monde, dix de ces pays ont abrité une fois au moins les phases finales de la CAN. A l’adresse de nos décideurs, c’est un argument de poids, dont il faudrait absolument tenir compte.
De ce qui précède, il s’agit de prendre en compte les arguments sportifs qui plaident pour l’organisation de la CAN 2025. Au-delà de son caractère contraignant au plan financier et de ses indéniables retombées économiques pour le pays organisateur, cette manifestation sportive a un réel impact positif sur la promotion de la discipline. En d’autres termes, le simple fait d’organiser cette compétition oblige la fédération et le ministère à prendre toutes les dispositions pour préparer le onze national. De ce point de vue, on l’affirme souvent, ‘’ on n’organise pas une CAN pour laisser échapper le trophée’’. D’où la nécessité d’entourer le onze national de tous les soins, afin qu’il aille le plus loin possible pendant le tournoi final. Ce qui exige de nos autorités sportives à concevoir un plan stratégique prospectif à l’horizon 2025. Avec bien sûr un monitoring rigoureux des actions à entreprendre sur cette séquence de temps.
En droite ligne de ce raisonnement, dans la perspective de la CAN 2025, qui pointe à l’horizon, la direction technique nationale devrait dès cette année se pencher sur la configuration de l’équipe qui défendra nos couleurs dans pratiquement cinq ans. Une séquence de temps suffisante pour bâtir une équipe compétitive et véritablement représentative. Et pour ce faire, par le biais de la détection, il s’agit de constituer le noyau de la future équipe nationale à partir des catégories de jeunes. Une politique à rapidement mettre en place, puisque selon les spécialistes, une équipe nationale senior compétitive se construit sur un cycle de quatre à cinq ans. Et pour prétendre à un trophée majeur, il faut au maximum un cycle de dix ans. Ce qui suppose un suivi et un encadrement pointu de l’évolution des catégories des joueurs évoluant dans les différentes formules de championnat organisées au plan local.
Si nous ne voulons donc pas être ridicules lors des phases finales de la CAN 2025, c’est le bon moment de mettre de notre côté tous les atouts. Ne dit-on pas que ‘’ qui veut aller loin ménage sa monture ‘’. Et pour ce faire, la fédération en relation avec le ministère des sports devraient plancher sur le plan stratégique devant aboutir à l’horizon 2025, à la constitution d’une sélection nationale au mieux de sa forme. Il est loisible de le constater, c’est un travail de longue haleine qui nous interpelle. Un travail qui exige de prendre en compte tous les paramètres susceptibles de maximiser nos chances. Cet exercice exclut toute improvisation et requiert un sens très élevé de l’organisation.
Thierno Saïdou Diakité,
Consultant sportif