La COP26 démarre le 31 octobre 2021 en Ecosse (Royaume-Uni). La Guinée y prendra part en tant que présidente du groupe G77 plus la Chine, une organisation formée en 1964 par la Déclaration commune de 77 pays en développement pour promouvoir et défendre leurs intérêts économiques et politiques. Le G77, à l’antipode du G7 qui regroupe l’essentiel des pays puissants du monde, rassemble actuellement 134 pays en développement et la Guinée en assure la présidence depuis janvier 2021, pour une année.
Malheureusement pour lui, Alpha Grimpeur manquera à l’appel. Quoiqu’il ait dû peser de son poids pour que la Guinée puisse être désignée comme présidente, après la République Coopérative de Guyana. Pour le moment, seuls quelques techniciens des ministères concernés : Environnement, Agricultures, Affaires étrangères, Energie et d’autres acteurs spécialistes de ces domaines évoluant dans le privé, forment la délégation. Le PM Mohamed Béat et Dame Louopou Lamah, fraîchement nommée à la tête du Département de l’Environnement, allongeront la liste des membres de la délégation, pour donner toute sa solennité à la présidence de la Guinée du G77. Ce sera aussi la première rencontre mondiale à laquelle le Chef du gouvernement guinéen prend part au nom de la Guinée depuis son arrivée à la Primature le 6 octobre. Selon des informations, les deux personnalités sont déjà accréditées et tout est fait pour disponibiliser un passeport diplomagique ou de sévices pour la ministre Louopou Lamah.
La présidence guinéenne porte sur une dizaine de priorités, allant de la lutte contre la pauvreté, la faim et les inégalités, l’autonomisation des femmes et des filles, la promotion de l’emploi des jeunes, le renforcement de la solidarité du Groupe, la nécessité d’une réponse mondiale à la COVID- 19 et l’accès équitable aux vaccins pour les pays en développement, la consolidation et la promotion du multilatéralisme, le renforcement du partenariat mondial, l’accélération du rythme de la mise en œuvre de l’Agenda 2030, la diversification des sources de financement du développement, la lutte contre les flux financiers illicites et les évasions fiscales, la lutte contre les changements climatiques. Excusez du peu !
« Jusqu’à notre dernière évaluation, la Guinée ne fait pas partie des pays qui polluent. Nous sommes victimes. Notre pays est un puits de carbone, à travers les forêts qui absorbent le gaz carbonique émis par les autres pays ». Ces propos sont de Dame Oumou Doum-Doum, dirlo nationale-adjointe Pollution, Nuisance et Changement climatique au mystère de l’Environnement et du Développement durable. Elle est aussi le Point focal de la Convention cadre des Nations Unies pour le Changement climatique. Nous l’avons rencontrée le 28 octobre, juste avant son départ pour le Royaume-Uni. Elle n’exclut pas que la Guinée figure sur la liste des pollueurs dans les années à venir, compte tenu des activités minières et l’installation des unités industrielles dans le pays.
Selon Dame Doumbouya, cette rencontre est importante pour la Guinée dans la mesure où le pays coordonne les activités du G77 depuis le début de l’année et doit prendre la parole au nom du Groupe. Au niveau de la composante climatique, « le travail consiste surtout à négocier avec les pays développés et autres multinationales qui sont responsables du réchauffement climatique à travers des actions polluantes et la déforestation. »
Selon la spécialiste, presque tous les pays membres du G77 sont des victimes de la pollution. «Les rencontres qui ont lieu consistent à mobiliser les acteurs, attirer leur attention sur les réalités climatiques, rappeler à chacun ses engagements pour la mise en œuvre des activités qui visent à réduire le réchauffement climatique.» Elle a rappelé qu’à la COP21 à Paris, on est parti du Protocole de Kyoto qui était contraignant et supposait des sanctions en cas du refus d’un pays signataire de respecter ses engagements à l’Accord de Paris, dont le non-respect est blâmable. Rappelons que les Etats-Unis qui étaient sortis de l’Accord de Paris sous Donald Trump n’avaient jamais signé le protocole de Kyoto.
Elle a rappelé qu’à l’occasion de la COP21, il a été demandé à chaque pays de proposer sa contribution. Cinq ans après, ces contributions doivent être révisées et adaptées. La Guinée aurait déjà révisé la sienne et s’engagera à réduire de 20% ses émissions à travers des actions de reboisement, de la lutte contre la déforestation. Toujours, lors de la COP21, ajoute-t-elle, «les pays développés avaient promis 100 milliards de dollars par an pour financer l’atténuation et l’adaptation au changement climatique dans les pays touchés. Mais jusqu’à présent, les efforts sont minimes», a-t-elle déploré.
Th Hassane Diallo