Interpellé le 6 septembre 2020 dans les locaux de l’Assemblée nationale, Roger Bamba, membre du Conseil national des jeunes de l’Union des forces démocratiques de Guinée, UFDG, assistant parlementaire, est décédé en détention dans la nuit du 17 décembre dernier. Le gouvernement déchu, pour se défendre, avait indiqué que le militant du principal parti de l’opposition a succombé à une cirrhose du foie. La justification est loin de convaincre ses familles biologique et politique.

Roger Bamba a été inhumé sans un autopsie ni enquête. Aujourd’hui, les temps ont changé, le régime aussi. Les proches de Roger entendent désormais obtenir justice pour lui. Une plainte contre Mamady Karfamoriah Kaba et Mohamed Bérété est déposée ce lundi 4 octobre à la Direction centrale de la police judiciaire, pour tirer l’affaire au clair. La famille de Roger Bamba et l’UFDG considèrent que ces personnes connaissent un rayon dans cette affaire. Selon eux, Karfamoriah Kaba, à l’époque «communicant» du RPG arc-en-ciel, ex parti au pouvoir, est celui qui a transmis une conversation privée qu’il a eue avec feu Roger Bamba aux services des renseignements. Mohamed Bérété, secrétaire général de l’Assemblée nationale serait celui qui a livré Roger Bamba aux agents de la DPJ. «Cette mort ne doit pas rester impunie, parce que nous considérons qu’il y a des zones d’ombre», dit Me Salifou Béavogui.

D’autres plaintes en perspectives

Outre le cas de Roger Bamba, ce sont plus de 200 jeunes guinéens qui ont été tués soit par balles soit par les véhicules des Forces de défense et de sécurité pendant les manifestations politiques de l’opposition ou du FNDC entre 2011 et 2020. Ces meurtres n’ont jamais été élucidés. Les familles des victimes n’ont même pas reçu les quelques rapports d’autopsie effectués sur certains cas. Maitre Thierno Souleymane Baldé, un des avocats des familles des victimes annonce une autre plainte : «Nous avons plus de 260 personnes qui sont tuées, nous avons plus de 150 plaintes devant les tribunaux. Il y a des éléments de preuve, nous allons faire cela comme il faut. Nous n’allons pas précipiter les choses, parce que la précipitation n’aidera pas les familles des victimes. Pour le moment, il n’y a même pas de gouvernement, nous attendons que les choses soient en place pour lancer la procédure».

Pendant les dix ans de règne d’Alpha Condé, des dizaines de familles de jeunes tués dans les manifestations politiques ont déposé des plaintes contre X devant les tribunaux, notamment celui de Dixinn. Ces plaintes sont restées, jusqu’à date, sans suite.

Yacine Diallo