A la suite du putsch du 5 septembre, la Guinée a été suspendue de toutes les instances de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), ainsi que des autres institutions internationales. Le 14 octobre, le CNRD, à sa tête Laye-M’a-dit Doumbouya, en quête de reconnaissance, d’appuis et d’alliés, a reçu les ambassadeurs de la Cédéao résidant en Guinée. C’était au Palais Mohamed V où il a prêté serment le 1er octobre, sans la présence d’aucun d’eux. Laye-M’a-dit Doumbouya, conscient du poids de l’isolement de son pouvoir, essaye de rallier la Cédéao à sa cause. Dans son laïus, il a promis un chronogramme « réaliste et consensuel » qui sera élaboré avec l’ensemble des Forces vives du pays, alors que la Cédéao exige une transition de six mois. Un mois a déjà passé, on ne compte que sur la Charte de la Transition et un Premier ministre (Mohamed Béavogui) qui s’inscrit dans la logique de la reconnaissance de la junte que de former son gouvernement.
«Nous sommes conscients que la question du délai de la Transition cristallise les débats et les attentions. Je voudrais réitérer devant vous, les ambassadeurs, que notre volonté ferme et inaltérable est de mettre les Guinéens ensemble pour décider de l’avenir qu’ils souhaitent pour leur pays et des fondations irréversibles qui doivent être posées pour ce faire », a déclaré le Prési de la Transition. Du coup, il espère bénéficier de « l’accompagnement » de la Cédéao afin de pouvoir « tirer de son expérience » dans la conduite des Transitions, dans la sous-région.
« Je vous donne l’assurance que le Comité national du rassemblement pour le développement et le gouvernement seront à l’écoute de vos préoccupations, de vos conseils et de vos recommandations parce que nous avons un destin lié et un avenir partagé », exhorte-t-il. Laye-M’a-dit Doumbouya n’a de cesse de justifier son putsch, évoquant la mauvaise gouvernance, la corruption, la politisation de l’administration, l’instrumentalisation de la justice, entre autres. « Il s’agit de réconcilier les Guinéens et de bâtir des institutions fortes, gages de démocratie, de l’Etat de droit et de bonne gouvernance. Il s’agit aussi de refonder l’administration pour en faire un levier de développement et d’édifier les bases d’une justice indépendante et accessible à tous », a-t-il promis aux ambassadeurs.
Aussi le 29 septembre, une mission du CNRD, conduite par le colonel Sadiba Koulibaly, s’était rendue ‘’discrètement’’ à Accra, au Ghana, chez Nana Akufo-Addo. Histoire de rassurer la Cédéao, solliciter ses appuis, ne serait-ce que reconsidérer quelques-unes de ses exigences, notamment la durée de la Transition.
Début de relations difficile
Le 17 septembre, la Cédéao a dépêché en Guinée Alhassane Ouattara, prési de la Côte d’Ivoire et Nana Akufo-Addo, prési en exercice de l’organisation. Les émissaires avaient été hués à l’aéro-hangar de Cona-cris, à cause de l’inaction de la Communauté face au 3è mandat du Prési Alpha Grimpeur. Ils étaient venus pour signifier à la junte les décisions prises à son encontre, notamment la durée de la Transition fixée à six mois, le gel de leurs avoirs et l’interdiction de voyage. La junte n’a pas accédé à l’exigence de la Cédéao, liée à la libération « immédiate et sans condition » d’Alpha Grimpeur avec qui ils avaient échangé. Laye-M’a-dit Doumbouya et ses hommes ont déclaré qu’ils n’ont pas des avoirs à geler, qu’ils sont des soldats qui vivent et travaillent en Guinée. Alhassane Ouattara et Nana Akufo-Addo sont rentrés sans obtenir leur exigence phare : la libération du Président déchu.
Yaya Doumbouya